J’ai lu ce petit livre à la terrasse d’un café, un soir, et je crois que, quelque part, ce n’était pas tant une idée incongrue. Ce n’était pas tant le lieu, hommage involontaire, sans doute inconscient, aux victimes des attentats de cette nuit macabre. Ce n’était pas tant les pintes en happy hour. C’était qu’il y avait de la vie, du monde autour de moi. D’une façon indescriptible, je crois avoir ressenti intensément ce qu’Antoine Leiris écrivait.
Plus que chez moi, seul, dans mon fauteuil, au chaud, j’ai pu pleinement ressentir ce qu’il disait dans son style sans fioriture, extrêmement sobre, cru. Vous n’aurez pas ma haine c’est son histoire dans le plus simple appareil. Sa douleur infinie qui se devine dans chaque mot, qui apparaît partout et que l’on se prend en pleine face.
Vous n’aurez pas ma haine c’est l’amour aussi ; surtout... L’amour sublime d’un homme pour une femme - sa femme, sa lune - froidement abattue au Bataclan. L’amour d’un père qui cherche la force de raconter son drame, qui doit vivre malgré tout, pour son fils, Melvil, pour sa femme et pour lui. C’est un témoignage puissant et bouleversant qui malgré l’immense tristesse, palpable, vraie, parle d’amour tout aussi palpable et vrai.
On ne sort pas indemne d’une telle lecture. On cherche ses mots. J’ai beaucoup pleuré, je n’ai pas honte de le dire. Sans doute parce que je me suis immergé totalement. Sans doute aussi parce qu’à la terrasse d’un café, j’ai eu l’impression d’être aussi seul que lui qui fut tout autant entourré...
Vous n’aurez pas ma haine est un livre à mettre entre toutes les mains parce qu’il parle de la vie malgré tout, parce qu’il n’est pas inutilement larmoyant et surtout parce qu’il est vrai.