Au sud des Etats-Unis, de nos jours, le dérèglement climatique s’est traduit par une sécheresse permanente et un déficit inexorable en eau qui s’achète désormais à la pompe au plus haut prix. Les grands fleuves sont l’objet d’une lutte sans merci entre plusieurs Etats qui n’hésitent pas à employer tous les moyens, légaux et illégaux, pour s’approprier leur eau.
Thriller écologique, ce roman avait tout pour plaire mais rate de peu son but, pourtant hautement louable. C’est que trop préoccupé, dans le premier tiers du livre, à planter son décor pré-apocalyptique, l’auteur en oublie de nous raconter son histoire. Il nous noie d’abord -sans jeu de mot- dans des considérations politico-géographiques assez confuses où interviennent des personnages assez flous qu’il faudra décoder au fils des pages – l’auteur étant assez avare d’explications – les Fivers, les Camel Corps, les FedEx, les Guardies, les Zoners, les Merry Perry, les Desert Dogs, les Water Knife, etc… De plus, son trio central donne vraiment trop dans la caricature que pour être crédible et bénéficier de la clémence du lecteur : le Water Knife en héros inoxydable, mais au cœur tendre, que rien, pas même des balles de fusil n’arrête ; la journaliste droite et honnête mais prête à tout pour un scoop et une jeune réfugiée refusant la prostitution pour survivre. Rien que des belles âmes ! Ajoutons des invraisemblances de scénario qui font sourire – le water knife criblé de balles et recousu de partout et la journaliste torturée pendant des heures au couteau, tressautant sur une moto dans le désert sans sourciller - et nous aurons un aperçu de ce qu’il ne faut pas faire en littérature.
Mais malgré ce côté brouillon, convenu, manquant de subtilité et usant de trop de ficelles connues, l’ouvrage n’est pas sans intérêt, comme si l’auteur envoyait un coup de semonce à ses compatriotes. C’est que l’idée même d’avoir circonscrit le désastre aux seuls Etats-Unis, où l’on compte le plus grands nombre de climato-sceptiques, et devenu un état tiers-mondiste que les Chinois colonisent sans vergogne, n’est pas sans innocence. Tout autant qu’il est piquant et prémonitoire de constater que les ghettos installés le long des frontières sont composés de réfugiés climatiques américains qui vont tenter, au péril de leur vie, de les traverser.
J’aurais pu aimer ce livre mais la fin m’en a définitivement exonéré. Sous des dehors de gentil donneur de leçons ou lanceur d’alerte, l’auteur nous balance une fin totalement amorale et d’une fatalité désolante bien loin du propos que cet ancien hippie se proposait de défendre, c’est que « Si ce n’est pas moi qui le fait, d’autres le feront à ma place et de toute façon, le plus fort abuse toujours du plus faible, c’est ainsi » A méditer.