Antoine Goya
5.9
Antoine Goya

Émission Web YouTube (2010)

Comme quoi l’important ce n’est pas ce qu’on fait, mais bien comment on le fait…

Sur le papier, cette chaîne c’est tout ce que je déteste.
C’est « Youtube ou la cour des egos ».
C’est des heures de vidéos juste pour afficher sa propre gueule figée.
C’est des titres putassiers, des clashs permanents, un feu nourri sur les ambulances aux pneus crevés…
Bref, à première vue, cette chaîne n’a rien pour me plaire …
…Et pourtant.


Bah oui… Au final j’en suis presque le premier surpris, mais je me surprends à le suivre régulièrement ce bon vieux Moizi, auteur de cette chaîne « AnalGenocide ». Et forcément la question c’est « pourquoi » ?
D’aucun diraient que c’est sûrement parce que je me retrouve dans le fond de son propos. Après tout il est si facile d’être conciliant avec ceux qui nous font la grâce de nous conforter dans nos idées, quand en parallèle on continue de vilipender ceux qui ont l’outrecuidance de nous opposer une pensée contraire à la nôtre…
Pourtant ce n’est pas (totalement) le cas.
Parce qu’à bien tout prendre, je ne me retrouve pas tant que ça dans le propos de ce cher Moizi.


Certes, comme moi, il aime le cinéma et taper sans vergogne sur les « Avengers » et compagnie. Cependant, il voue à côté de ça un culte à Kechiche et à Godard ce qui, pour le coup, constitue tout le septième art que je conspue.
De même, l’ami Moizi aime marteler qu’il existe une hiérarchie objective de valeur parmi les œuvres culturelles, ce qui est une logique que je pourrais partager dans certaines conditions, mais clairement pas dans celles que lui il définit (…et on en reparlera.)
Quand aux questions plus générales de politique, là aussi je reconnais qu’il m’arrive de me découvrir des atomes crochus avec ce bon vieux Moizi – surtout dans ses positions à l’égard de toute cette culture américano-indigéno-végano-moraliste qui prolifère actuellement sur le web – mais par contre j’avoue que j’ai plus de mal avec son nationalisme à l’ancienne à base d’uniformisation culturelle et de monarchisme.
Mais bon, encore une fois, malgré tout ça le bilan reste le même : j’aime l’écouter.
Quand bien même se lance-t-il dans le clash à outrance, dans la démonstration facile et dans une réelle culture de l’ego, c’est un fait : j’aime le suivre.
Il ne s’agirait donc pas d’une simple question de fond.
Enfin quoi que… Ça se discute justement.
(Alors discutons…)


Parce que s’il y a bien quelque-chose que j’apprécie dans « AnalGenocide » et qui relève bien du fond c’est que, tout d’abord, du fond, il y en a.
Or ça, l’air de rien, dans la sphère des egoconférences du Youtube français, c’est tout de même assez rare.
Moizi est le genre de bonhomme à ne jamais vraiment parler à vide.
Du cinéma il en a vu, de tous genres et de tous horizons ; un cinéma qu’il parvient en plus à mettre en relief avec sa culture littéraire, sa culture scientifique et son expérience pédagogique…
De même – et ça aussi c’est appréciable – Moizi sait d’où il parle.
Il ne cache rien de ses idéologies ni de ce qu’elles impliquent sur son discours.
Mieux encore, il sait apporter un recul critique à son propre discours. A chaque fois qu’il se lance dans un clash, il fait lui-même sa propre opposition, il anticipe les remarques qu’on pourrait lui opposer, il précise toujours les limites en dehors desquelles son propos n’est plus valide… (Enfin… A quelques exceptions près ! On en reparlera plus tard.)
En d’autres mots, Moizi a de la culture et surtout il sait la mobiliser au service de l’enrichissement et de la structuration de son propos.
C’est ce qui fait que, quand bien même utilise-t-il la même forme plastique et le même format que d’autres vidéastes qu’il adore détester, Moizi n’est pas un Durendal, un InThePanda, ou bien encore un Regelegorila.
Et j’insiste bien sur ce point afin que je sois bien compris : quand je dis que Moizi dispose d’une culture que les autres « faquins » n’ont pas, je ne parle pas seulement des films qu’il a vus, mais bien de toute la culture littéraire, scientifique et politique qu’il peut mobiliser à l’envie pour vraiment analyser les œuvres dont il traite. C’est bien en cela que Moizi s’extrait de la masse des simples geekos qui ne voient le monde que du fond de leur caverne d’éternels étudiants.


Mais bon, d’un autre côté, avoir de la culture est-ce vraiment suffisant ?
Est-ce notamment si intéressant que cela de ne mobiliser cette culture qu’au service de clashs qu’on entretiendrait avec la lie du net ?
Parce qu’au fond, Moizi a beau vouloir donner la leçon aux esprits plus faibles que lui, il n’empêche qu’il partage beaucoup de pratiques avec eux.
Après tout lui aussi est dans l’image vidéo inutile (du moins presque, on y reviendra), lui aussi a recours aux viles méthodes encouragées par Youtube pour exister, et lui aussi donne des leçons dont on pourrait méthodiquement contester la rigueur.
Car s’il a bien raison de relever au sein du net français une fâcheuse propension à la « moraline » (pour reprendre ses mots qu’il emprunte lui-même à Nietzsche) et à l’enfermement des êtres dans des discours biaisés de toute part, lui aussi est parfois victime de ses propres biais, au point d’être un esclave de sa propre morale.


Moi par exemple il va falloir un jour qu’il m’explique sur quelles données objectives il fait reposer sa hiérarchie des objets culturels. Parce que quand d’un côté il s’amuse à tacler Regelegorila en démontrant – extraits à l’appui – qu’il y a un problème à considérer que « Stalker » et « Avengers » relèvent tous deux du même niveau de cinéma, je peux encore le suivre.
Effectivement, en termes de technique d’écriture scénaristique, de montage, de cadrage, de son, « Stalker » a une cohérence et un sens de la grammaire cinématographique qu’ « Avengers » n’a pas (...si on s'efforce de les considérer au sein d'un référentiel cinématographique commun bien sûr). Pour le coup c’est factuel et démontrable. On a certes le droit d’adorer « Avengers » malgré tout – le problème n’est pas là – mais par contre c’est problématique de ne pas percevoir et reconnaître la différence de cinéma qu’il y a entre ces deux films. Et sur cette comparaison « Stalker / Avengers » j’accepte pleinement la démonstration…
…Mais par contre qu’est-ce qu’on fait de cette démonstration pour ce qui est du cinéma de Kechiche ou de Godard ? Est-ce qu’on se risque aussi à appliquer cette logique à leurs films ou bien à d’autres chefs d’œuvres encensés par Moizi tels que « Pater » ou « Amour » ?
Est-ce qu’on parle notamment du fait que la plupart de ces auteurs ont l’air de vouloir esquiver au maximum la question formelle en se contentant d’une grammaire simpliste sous prétexte de naturalisme ou de déconstruction ?
Est-ce qu’on parle du fait que ces films prétendent peindre un réel sans artifice alors que dans les faits ils ne sont que des prismes déformants au service de fantasmes bourgeois ?
Parce qu’il serait tout de même bon d’observer ce que ça nous présente comme réalité le cinéma de Kechiche : des gamins de banlieue qui se retrouvent autour de Marivaux ; une discussion sur les philosophes classiques autour d’un kébab ; des rancards amoureux au musée de la Piscine à Roubaix ; une célébration d’anniversaire en entonnant le chant bien français et non son équivalent américain qu’on a francisé depuis ; des Arabes qui aiment la France et rien que la France ; une France d’ailleurs où blacks, blancs et beurs vivent toujours en harmonie…
…Mais franchement, qui ne voit pas le problème à user de si peu de cinéma au service d’une peinture aussi dénaturée que celle-là ?
…Et surtout qui grimpe au rideau en voyant ça ?
L’ami Moizi ne serait-il pas aliéné lui-aussi par la culture des dominants, de la même manière que Rege l’est par le consumérisme de produits standards américains ?
Parce que bon, c’est bien gentil de condamner la morale, mais encore faut-il soi-même ne pas édicter un « bon » et un « mauvais » cinéma sur de pures données arbitraires imposées par notre société. De même qu’il pourrait aussi être habile d’arrêter de colporter malgré soi une violence de classe qu’on condamne pourtant…


Et malheureusement, ce genre de travers, on peut aussi les retrouver dès qu’il s’agit de parler de politique. Et à ce petit jeu de la paille dans l’œil de l’un et de la poutre dans l’œil de l’autre, je pourrais par exemple revenir sur la fois où Moizi s’est permis de recadrer Dave Sheik au sujet de sa vidéo sur le projet d'indépendance politique de la Catalogne.
Au cœur de sa critique se trouvait le fait que Dave Sheik prétendait faire une vidéo qui se voulait d’information et de vulgarisation sur le sujet alors que, du point de vue Moizi, il s’agissait davantage d’une vidéo totalement biaisée et idéologisée en faveur des indépendantistes. Et si dans le fond l’ami Moizi avait raison, cela ne l’a pas empêché pour autant de déballer ses propres biais et sa propre idéologie.
La chose saute particulièrement aux yeux quand il s’agit de se questionner s’il est pertinent de parler de « peuple » pour désigner les Catalans. Pour Moizi ce n’est pas le cas et pour ce faire il s’appuie sur une définition de « peuple » trouvée sur Internet. Et alors que cette définition considérait qu’un peuple était « un ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels ou des institutions politiques » – ce qui colle pour le coup avec ce que sont les Catalans – Moizi va se lancer malgré tout dans une démonstration fumeuse pour démontrer malgré tout que tout ça ne colle pas.
D’abord il va décréter que les Catalans ne se distinguent pas des Espagnols parce qu’ils ont tous deux des institutions communes (Soit, mais la France et la Slovaquie disposent aussi d’institutions politiques communes telles que les instances de l’Union européenne. Et pourtant je n’ai pas l’impression que Moizi refuse aux Français et aux Slovaques le qualificatif de peuple.) Ensuite il va dire que les Catalans ont une histoire commune avec les Espagnols …Sauf que les Espagnols ont aussi une histoire commune avec les Portugais, les Amérindiens et les Arabes, et pourtant on distingue bien chacune de ces populations comme étant des peuples à part entière ! Enfin Moizi enfonce le clou en disant que d’un point de vue territorial, la Catalogne c’est le territoire espagnol, ce qui veut dire qu’en gros on ne discute pas les cartes politiques actuelles. Par principe, chez Moizi, elles font foi et elles font loi. Ainsi serait-on en 1940 que Moizi nous dirait sûrement que le peuple polonais n’existe pas.
Alors certes, c’est peut-être un biais politique que de considérer qu’il existe encore un peuple polonais en 1940, de la même manière qu’on pourrait reconnaître aujourd’hui l’existence d’un peuple catalan, corse, basque ou écossais. Il n’empêche que refuser de les qualifier de peuple c’est aussi un biais politique ; biais d’autant plus problématique quand la logique invoquée ne marche pas en toute circonstance.
Pour le coup, il me parait assez évident que si l’ami Moizi a voulu à tout prix renier l’existence d’un peuple catalan c’est surtout parce qu’il est imprégné d’un nationalisme très « Troisième république » si bien que son goût pour l’indivisibilité et l’uniformisation du peuple français l’a certainement conduit à vouloir la même indivisibilité et la même uniformisation chez le peuple espagnol.
En bref, sur ce domaine là aussi, l’ami Moizi n’est clairement pas en mesure de donner de leçon en termes d’œillères et de biais. Côté malhonnêteté intellectuelle, il a aussi ses vices, quand bien même – et je lui concède la chose volontiers – ce genre de problèmes se rencontre davantage dans ses anciennes vidéos plutôt que sur ses plus récentes.


Du coup, à bien tout prendre pour le moment, « AnalGenocide » ça reste mieux que la lie, mais ça peine à vraiment s’en distinguer. Parce qu’une question reste toujours en suspens l’air de rien : est-ce si intéressant que cela de ne mobiliser sa culture qu’au service de clashs qu’on entretiendrait avec la lie du net ?
…Eh bien il se trouve que, malgré les limites que j’ai pu lister précédemment, je trouve que sur « AnalGenocide », ça peut l’être.
Et ça peut l’être grâce à un petit détail qui n’en est pas un et qui change beaucoup de choses : son personnage.


Car oui – et je trouve que c’est toute la force de Moizi – c’est qu’avec le temps il a fini par se forger un personnage de plus en plus signifiant par rapport à la démarche qui est la sienne et surtout par rapport à la place qu’il entend occuper sur la scène du YouTube français.
Alors oui – c’est certain – comme tous les egoconférenciers de Youtube, ce personnage de survivaliste acerbe qui vit terré au fond de sa jungle qu’est devenu Moizi n’est pas un pur rôle de composition. L’homme derrière Moizi doit être lui aussi acerbe, tout comme son déménagement au fin-fond de la jungle guyanaise n’a certainement pas été dicté que par ses seuls besoins de vidéaste. Seulement voilà, à partir de l’homme qu’il doit être en privé, Moizi a réussi à construire progressivement un personnage assez riche de symboliques et que je trouve particulièrement pertinent.
Observer l’évolution des vidéos « AnalGenocide » avec le temps est d’ailleurs assez révélateur de cette évolution là et l’arrivée en Guyane avec ce choix de tourner sur « fond vert » marque pour moi un tournant qui n’a rien d’anodin en guise de composition.
Petit à petit, les lunettes noires deviennent la norme, de même que ces introductions très figées qui commencent par cet effrayant « booooooonjooooooour ».
C’est comme si Moizi était le loup que tu ne voulais pas croiser en te baladant dans les bois.
Car après tout YouTube est une jungle et dans la jungle on peut croiser n’importe qui.
Et quoi de pire pour un petit bobo métropolitanisé que de tomber sur cet homme qui a l’air déconnecté de toute exigence sociale ? Cet homme peut survivre tout seul. Il peut se passer de l’assentiment de tous. Il peut s’affranchir des mensonges sociaux qui sont susceptibles de l’ostraciser…
En somme, tu sais que tu risques de passer un mauvais moment car, que tu le veuilles ou non, il se balade dans la même jungle que toi…
Et franchement, ça, chez moi, ça absout pas mal de soucis que je pourrais avoir avec « AnalGenocide »…


…Pourquoi cette absolution ?
Eh bien déjà tout d’abord parce que cette composition du personnage apporte de la distanciation.
Le gars joue sur son image et il n’en joue pas selon des codes bobos sympatouilles de communauté friendly comme beaucoup le font sur YouTube.
Moizi n’est pas un faux gentil. En fait c’est juste un faux méchant.
Et autant un faux gentil ça agace, autant un faux méchant ça fait sourire. Ça désamorce aussi.
Car oui, Moizi est un faux méchant et il sait le démontrer de temps en temps.
D’accord il tacle bien Regelegorila d’un côté, mais de l’autre il l’invite pour un petit caméo quand celui-ci lance son appel aux faquins.
OK il entasse bien InThePanda, mais d’un autre côté il n’hésite pas à signaler quand il est d’accord avec lui, précisant bien ce que ça lui en coûte.
Effectivement, il casse pas mal de sucre sur le dos d’Usul, mais quand ce dernier le bloque sur Twitter, il ne sombre pas dans l’invective et dans l’insulte. Il mime l’homme qui pleure « Usul tu m’as bloqué… S’il te plait débloque-moi Usul… »


Moizi est un personnage qui met souvent les choses à distance.
Moizi nous rappelle que tout ce qui se passe sur YouTube ne mérite pas vraiment d’être pris avec solennité. Tout cela est ridicule. Tout le monde est ridicule. Lui-même l’est.
Je trouve d’ailleurs assez amusant ces quelques vidéos où il se contente simplement de mettre en scène son personnage telles que « Je n’ai jamais eu peur… sauf une fois au chalet » ou bien encore « peux-tu survivre dans la jungle ? ».
Elles sont quelques petites pastilles de dérision qui participent à enrichir et développer cette posture là.


Et d’ailleurs le Moizi n’est pas qu’un faux méchant. Il sait aussi parfois être un faux prétentieux. Et c’est d’ailleurs le deuxième gros apport de ce personnage.
Au fond, faux prétentieux Moizi l'est surtout quand il mobilise les philosophes pour répondre à ses détracteurs. Et si certains peuvent voir en ces citations régulières d’auteurs classiques une manière de faire de l’argument d’autorité (ce qui est – avouons-le – un peu le cas) c’est aussi et surtout, du moins dans cette configuration-là, une excellente manière de se mettre à la même hauteur que tout le monde.
Moizi n’est pas celui qui apporte le savoir, il est au contraire celui qui te dit que tu es bien sot de croire que le savoir puisse émerger seulement de toi. Car le savoir est ailleurs, mais il faut faire l'effort de s'aventurer et d'aller le chercher.


D’ailleurs, en plus d’être un faux prétentieux, ce personnage est au fond aussi bien généreux.
Il châtie – c’est vrai – mais c’est aussi parce qu’il aime beaucoup. Et Moizi sait être généreux avec ceux qu’il châtie.
Moi par exemple j’apprécie le fait qu’il sache être dans une autre posture que la seule diatribe. Il n’est pas seulement là pour déconstruire et condamner, mais il est aussi là pour proposer et partager.
Pour tout film détruit Moizi propose un film à voir. Pour toute pensée de caniveau il propose un ouvrage qui s’offre en réponse.
…Et le pire, c’est qu’il me donne envie de voir et de lire ce qu’il me propose ce mec, quand bien même je sais que ce ne sera pas ma came…
…Et c’est là que je le trouve plus que bon.
A venir dans les égouts du net, Moizi vient finalement y semer quelque-chose susceptible de nous y élever…
Il part du pire, pour espérer nous conduire vers du mieux.


Lui-même explique d’ailleurs très bien tout le cœur et toute la noblesse de sa démarche quand il s’en prend à JohnVirilTeam qu’il rebaptise par mépris « Nana » Dans cette vidéo, il répond par avance aux critiques qu’on pourrait lui faire et que je ne cesse de lui faire depuis le début de cette critique, c’est-à-dire de jouer du clash, de tirer sur l’ambulance, de n’user de sa culture qu’auprès de la lie… A ce sujet là il dit : « Alors bien évidemment lorsqu’on fait des vidéos qui doivent être divertissantes parce que sinon les gens ils cliquent à côté très vite, eh bien les attaques ad hominem et ad personam on va dire que c’est plutôt divertissant d’accord… Mais ce [n’est] pas le cœur de l’argumentation. Et ça ne doit pas être le cœur de l’argumentation. »


Car oui, au fond, ce qui compte le plus avec les vidéos « AnalGenocide » ce n’est pas de savoir ce qu’elles sont, mais plutôt de ce qu’elles font.
Et l’air de rien cette chaîne là elle fait des choses que j’aime bien.
Elle met un peu de raison et de culture là où il en manque.
Elle met un peu de dérision et de distance là où il en manque aussi.
Et mieux encore, par ce travail là, Moizi parvient à créer ce qu’on ne peut que tous souhaiter : il créé une passerelle culturelle entre deux mondes.
Certes il s’agit d’une passerelle qui permet aux spectateurs noyés dans les fins-fonds du net de remonter vers autre chose. Mais c’est aussi une passerelle pour des gens comme moi qui veulent savoir ce qui se passe dans les bas-fonds, sans forcément y aller par moi-même. Parce que l’air de rien – grâce aux efforts de Moizi dans la jungle – j’en ai découvert de drôles de zigotos ! Et grâce à lui je comprends parfois mieux ce qui se joue sous la ligne de flottaison.


C’est donc pour cela que, parmi la palanquée d’egoconférences que nous « offre » Youtube j’aime écouter celles de l’ami Moizi sur sa chaîne « AnalGenocide ».
Quand bien même je ressens parfois chez lui ce plaisir à naviguer parmi les indigents juste pour le plaisir de s'y sentir au-dessus du lot - ce que je ne peux m'empêcher de percevoir comme une vilaine tare de ces gens qui viennent sur YouTube pour choyer leur moi - je considère malgré tout qu'il enrichit la toile de son regard, de sa causticité, et surtout de son personnage.
Voilà de quoi me contenter là où les autres ne se réduise qu'à m’user avec leur moooooraaaaaale d’esclaaaaaaaave… ;-)

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le 19 août 2020

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