Chez Syfy, on a toujours des idées géniales, des concepts en or massif qui, s'ils étaient développés au maximum, pourraient donner de véritables grandes épopées de science-fiction (un peu comme Battlestar Galactica en son temps). Ascension en fait partie : lancée au début des années 60, une navette, transportant en son sein un équipage de plusieurs centaines de personnes, a pour but de voyager pendant un siècle pour arriver à son ultime destination afin de faire perdurer l'espèce humaine si jamais un cataclysme venait à la faire disparaître sur Terre. Une uchronie donc, d'abord annoncée comme une mini-série, cependant la fin du dernier épisode et les récents dires de ses scénaristes laissent fortement présager un développement sur plusieurs saisons.
Pas la peine d'y aller par quatre chemins : comme d'habitude avec Syfy, on a affaire à une énorme déception. Pourtant cette fois-ci on aurait pu imaginer qu'il en serait autrement. De par son statut de mini-série (en tout cas comme cela était prévu originellement), mais aussi à la vu de son casting - Tricia Helfer en tête - et de sa promo vintage enthousiasmante, Ascension avait pris des faux airs de projet alléchant. Dès le départ pourtant, c'est la douche froide : acteurs très mal dirigés - beaucoup de têtes à claques -, personnages inintéressants au possible et mise en scène kitsch sans profondeur.
On est loin de la catastrophe, mais si on compare le résultat au potentiel, il n'est pas difficile de se sentir un peu lésé de l'évident gâchis de talents et de moyens pour une copie finale pas atroce mais ne méritant guère plus que le qualificatif de "correct". Ascension propose des idées très intéressantes, des pistes passionnantes mais à peine effleurées (survie de l'humanité, voyage spatial intergénérationnel, eugénisme, lien entre l'être et l'espèce). Il y a aussi beaucoup de twists. Et c'est peut-être paradoxalement le gros défaut de la série : à vouloir trop surprendre le spectateur, elle perd de son intérêt et de son mystère. On pense évidemment à la grosse révélation à la fin de la première partie qui n'aurait pas du être aussi frontale - peut-être que les scénaristes ont été dupés par leur volonté initiale d'utiliser un format court-, ou tout du moins arrive bien trop tôt.
Ascension capte l'attention, et il est évident que Syfy a le mérite d'être l'une des seules chaînes à proposer des concepts de science-fiction assez novateurs à la télévision. On finit ces trois parties sans trop s'ennuyer, et plutôt curieux de savoir où veut nous mener cette série - si la suite est confirmée. Des scènes réussis à l'intensité impressionnante, de bonnes idées, mais une exécution globalement ratée. Dommage. Il aurait été intéressant de voir ce que tout ce beau monde aurait donné sur une autre chaîne. Ou au cinéma.