Grâce à une terrible angine et du travail urgent (c'est-à-dire du stress à évacuer), j'ai eu l'occasion d'entamer sérieusement cette série ; j'en suis au début de la deuxième saison à l'heure où j'écris cette chronique. Mon avis est tout à fait mitigé...
Tout d'abord, il faut reconnaître que la série est parfaitement réalisée : on sent une recherche du détail et d'une esthétique précise dans l'image, la musique est globalement plutôt bien choisie et les acteurs ne jouent pas trop mal : on rentre bien vite dans l'atmosphère années 60 à la OSS 117 (dont un des scénaristes officie aussi dans la série), en un peu plus sérieux, et on s'attache très vite aux personnages. L'acteur principal est plutôt bon dans son rôle, et si la jeune fille qui incarne sa dulcinée, Sophie, surjoue parfois, ce n'est pas très gênant somme toute, et l'on s'attache bien vite à leur amour. Certes, ce n'est pas une série véritablement hilarante, mais certaines scènes et certaines répliques nous font sourire, si ce n'est parfois rire.
Seulement, voilà : ces répliques sont rares, et la plupart des dialogues, l'ensemble du scénario, est tout bonnement insupportable. Le message que veut faire passer la série, ou plutôt l'opinion de ses scénaristes (dont, pardonnez-moi l'expression, je me contrebranle), sont assénés avec une lourdeur inouïe, qui ne peut qu'écœurer le plus distrait des spectateurs. Et qu'on me comprenne bien : il ne s'agit pas d'une question bassement politique ; il ne s'agit pas d'être d'accord ou non avec les messages que la série martèle (j'en approuve personnellement une partie). Le véritable problème est justement que ces messages soient assenés et martelés. Pas un seul français, dans cette série, qui ne soit misogyne, raciste, antisémite, chauvin à l'excès, ou tout simplement idiot. Il n'y a aucune demi-mesure, aucun entre-deux : il y a, naturellement, les méchants d'un côté, et les gentils de l'autre.
Eh bien, figurez-vous que dans la vraie vie du monde réel, la plupart des gens ne sont ni tout à fait gentils, ni tout à fait méchants ; et la plupart des gens se situe justement dans l'entre-deux, dans la demi-mesure. S'il y a bien une chose que je hais, c'est d'asservir une œuvre d'art (au sens le plus large possible de ce terme, je cherchais comme tout le monde à me divertir en regardant cette série) à un message purement politique, censé être objectif ; il s'agit justement de l'inverse. Il s'agit d'expression, et s'il y a un pronom réfléchi dans le verbe "s'exprimer", ce n'est pas pour rien : c'est avant tout une dimension subjective qui s'exprime, qui permet une communication avec celui qui reçoit l'œuvre, et si cet univers subjectif comprend une coloration politique, alors cet aspect politique s'exprime aussi, avec tout ce qu'il a de subjectif. C'est ce qui distingue Gilles des Décombres, les Mémoires d'une jeune fille rangée de Scum Manifesto. L'engagement artistique est avant tout subjectif, il n'est jamais purement dogmatique, sinon il n'est plus artistique.
Et cependant, je me suis attaché aux personnages, à leurs destins, à l'image et à la musique, à l'ambiance générale de la série que je recommande malgré tout. Je compte bien finir cette deuxième saison, en espérant que les destins des personnages s'écartent un tant soit peu des professions de foi de leurs scénaristes - car il devient parfois tout à fait insupportable de voir des personnages si sympathiques s'engager unanimement au service de l'auto-flagellation.
[Edit : - le perroquet de Moïse, hommage au Samouraï ?
- Merlaux ressemble trop à Matthieu Sommet dans la saison 2]