Ne vous aventurez pas là dedans en vous disant que c'est un slice of life banal.
Bienvenue dans la NHK est un anime des plus vicieux voulant vous aspirer toute innocence quant aux questionnements sur la vie.
Je préviens, je ne suis pas ici pour faire une introduction de l'histoire de l'anime, mais pour expliquer en quoi c'est une oeuvre unique.
Car là où un anime comme Evangelion est très pessimiste dès les premiers épisodes, et a un univers assez particulier pour faire peur aux plus innocents dès le premier épisode, NHK lui, est sournois.
Sous ses airs de slice of life avec des personnages excentriques, ce que cache le vide existentielle humain, qui a dû traumatiser les gens qui voulaient voir un clone de Toradora.
Les premiers épisodes semblent classiques, un hikkikomori, un otaku ne jurant que par les waifus, on remplit toutes les cases. Mais on sent déjà une atmosphère particulière, plus lourde que dans les autres mangas du genre, notamment à cause du caractère un peu désespéré du personnage principal, ses flashbacks avec Kashiwa.
Kashiwa est d'ailleurs LE personnage qui fait basculer complètement la série de slice of life un peu étrange, à anime pour dépressifs.
Car avec elle vient la mélancholie du personnage principal et plein d'autres sujets. Les complots sont utilisés comme manière d'expliquer les évènements les plus douloureux de nos vies, pour se dire que tout a un sens et que rien n'est dû au hasard de la vie, terrifiant par son incompréhensibilité et son absence de raison.
Kashiwa est aussi l'amour raté de Sato, il aurait pu, il aurait dû, mais n'a rien à fait, et maintenant il est trop tard.
Et enfin elle confirme très fort ce qu'on ressent, tous les personnages veulent crever.
Sato et ses épisodes paranoïaques, au début drôles avec les petits personnages, laissent au bout d'un moment un sentiment extrêmement amer, enlevant notre rire et le remplaçant par une réelle inquiétude pour la santé mentale du personnage principal.
Misaki cherche désespérément à être aimé, elle veut se sentir importante pour quelqu'un.
Yamazaki essaye de tromper la réalité en restant dans sa chambre, en conspuant toutes ces filles qui l'ont rejeté, en ne voulant pas suivre la voie familiale qui ne cherche qu'à le transformer en futur bon héritier de la ferme.
Et bien sûr Kashiwa, dépressive chronique qui ne trouve aucun sens à la vie et aucune raison pour la vivre.
Petite citation de Sato pour illustrer : "Je ne veux plus vivre, mais mourir demande trop d'efforts."
La vie n'est que souffrance, elle est vaine et nous prend totalement notre énergie, ce qui nous empêche à y mettre un terme, et nous met dans un état végétatif. On ne vit que pour attendre la mort, sans rien faire d'autre.
C'est très joyeux.
Et encore, j'omettrai le nouvel an entre Kashiwa et Sato, car je ne veux pas provoquer une vague de suicides sur Senscritique (car j'estime qu'on a encore besoin de Senscritiqueurs pour noter Pet Sounds 10/10) mais comment dire, si ce n'est que toutes les personnes ayant eu un amour non réciproque ont déjà vécu ce moment, à s'imaginer de futiles scénarios qui ne se réaliseront jamais.
Et malgré tout ça, l'atmosphère de la série, bien que lourde, n'est pas non plus mortifère, une forme d'oisiveté mélancolique plane, comme si peu importe ce que pourrait faire les personnages, rien ne changerait et tout resterait aussi modérément à sévèrement merdique.
Mais bref, j'ai mis de coté l'humour jusque là, il est maintenant temps de le traiter.
L'anime nous fait rarement mourir de rire, vu l'ambiance ce n'est pas étonnant, c'est plus des petites piques de joyeusetés agréables, un peu de pommade sur le corps d'un grand brulé quoi.
Il y a cependant un moment, parmi les plus hilarants qu'il m'ait été donné de voir dans un anime.
Le triptyque de l'île du suicide.
On tient ici qui la touche qui définit complètement la série.
Car entre la mélancolie de Kashiwa qui nous fait déprimer et le contexte, on a un humour complètement magnifique.
J'ai très clairement hurler de rire sur Sato perdu entre les suicidaires et qui essaye de taper la discut' avec eux.
Et forcément, ça reste aigre-doux, notamment le moment sur la falaise qui est incroyable, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, à défaut de faire les deux.
Sato est détruit et complètement désabusé, il perd Kashiwa, et se rend compte que comparé aux autres suicidaires, il n'a pas vraiment quelqu'un le considérant comme étant vraiment cher.
Et là tu ris, et tu pleures, tu ris parce qu'il veut finalement se suicider, et tu pleures parce qu'il veut finalement se suicider.
Un vrai humour noir, qui te rend heureux, et qui par la même occasion te déprime.
Enfin, l'anime n'est pas du tout pessimiste.
Plutôt l'inverse, car bien que tout du long de l'histoire, on reste sur le fait que la vie est insensée et douloureuse, il y a une véritable évolution du message, qui se ressent dans le ton de la série.
On passe d'un nihilisme certifiant que la vie ne mérite pas d'être vécue, à quelque chose de bien plus nuancé et ""originale"" (en tout cas pour un anime).
La fin nous dit, et nous montre très clairement, que la vie est certes douloureuse et vaine, mais qu'il s'agit de l'apprécier, car on a que ça, et que le bonheur se trouve dans le malheur.
Kashiwa, dans son malheur de rester dans une vie monotone avec son mari va apprécier le fait de former une famille.
Yamazaki, bien que piégé dans le plan familial va surpasser la souffrance de cette condition via sa future mariée.
Attention, il ne s'agit pas d'apprendre à aimer les situations problématiques, mais d'aimer vivre malgré elles. Yamazaki déteste toujours le fait d'être utilisé par sa famille, mais au lieu de se laisser aller au désespoir, va passer outre pour pouvoir saisir le bonheur de vivre, pareil pour Kashiwa.
Certains problèmes sont indépendants de notre volonté, d'autres non, ce sont des complots de la NHK. Alors pourquoi souffrir ? Ca ne sert à rien et ne nous fait que du mal, alors autant apprécier ce qu'on peut apprécier, même dans les pires situations, on n'a que ça de toute façon.
Vous voyez, c'est pas pessimiste, ça incite à vivre mais juste d'une manière déprimante.
Le bonheur est l'essence qui nous permet de vivre, autant essayer d'en avoir le plus possible. Dommage que la guerre en Ukraine soit encore là, le prix au baril va augmenter, surement un complot des USA (Union des Serviteurs de l'Agonie).