La psychiatrie c'est tellement plus facile dans les animés

(cette critique spoile les 3/4 de l'animé)

"Bienvenue dans la NHK" est un animé bizarre, que je découperais en trois phases : fun, chiant et "ça serait cool si je continuais à me soucier des personnages".

La première, qui regroupe les 10 premiers épisodes, est plutôt légère et franchement drôle. On y suit Sato, un neet pas très doué socialement, Misaki, une jeune femme qui a décrété qu'elle aiderait Sato à ne plus être un neet et Yamazaki, le voisin de Sato, "super otaku" fan d'eroge. Cette première phase réussit, malgré sa légèreté, à placer quelques moments étrangement réaliste : étant moi-même atteint de trouble anxieux généralisé et de dépression majeure, certains épisodes m'ont me fait me dire "ah, oui, je reconnais ça" sous forme stylisée bien entendue, ça reste un animé. Vraiment, très impressionnant et plutôt plaisant.

À partir du 11ème épisode, on entre dans une deuxième phase, qui justifie le titre de cette critique. Sato passe de neet, malade et dans lequel je peux m'identifier au moins un peu, à idiot incapable de dire "non". On tombe dans toutes les caricatures possibles : la pression sociale, les meuporgs addictifs, les arnaques financières, l'ingénierie sociale des pyramid schemes... si c'était déjà présent dans la première partie, Sato devenant addict aux eroges durant les premiers épisodes, le fait que le même schéma se répète sans que Sato rend la chose d'autant plus frustrante : on sait très bien comment ça va se finir, vu qu'on l'a vu deux épisodes avant. Enfin, pour les quatre derniers épisodes, on a enfin droit a un nouvel arc, plus intéressant et que je ne vous spoilerai pas, mais qui aurait été tellement plus appréciable si les personnages n'avaient pas été rendus antipathique par le second arc ! C'est tellement décevant.

La seconde et, dans une moindre mesure, la troisième phase présentent aussi ce qui est pour moi le défaut majeur de cet animé, ou en tout cas ce qui m'a fait totalement sortir de mon expérience de spectateur : si on ne demande pas à une œuvre de fiction d'être réaliste, on peut au moins lui demander d'être plausible et, pour un animé centré sur des personnages ayant des problèmes psycho-psychiatriques, la moindre des choses aurait été d'être un poil plausible sur l'aspect psychiatrique de la chose, or Bienvenue à la NHK n'a pas l'air de se soucier de son sujet. Le parcours de Sato, en tout cas niveau gestion de l'anxiété sociale grâce à une "thérapie", est plus ou moins plausible et, si l'animé en était resté là, ma critique aurait été beaucoup plus positive, mais malheureusement, cette œuvre a décidé de s'attaquer à une maladie beaucoup plus compliqué à montrer de manière marrante : la dépression.

Présenter des personnages dépressifs, voir même des personnages suicidaires, c'est sacrément osé et faut les féliciter d'avoir essayé, mais c'est aussi se donner la responsabilité de ne pas en faire n'importe quoi. Dans Bienvenu à la NHK, deux personnes souffrant d'anxiété sociale sont sauvées par le fait de les laisser mourir de faim, ce qui est justifié, dans l'animé, par l'idée qu'un humain affamé fera tout pour avoir à manger; trois suicidaires sont sauvés par le fait de s'amuser une fois ensemble, et la seule qu'on revoit continue à avoir des tendances auto-destructives, mais semble aller magiquement mieux; une dépressive avec PTSD est sauvée par le fait qu'une personne lui dise "tu es important pour moi" et enfin, si je disais au dernier paragraphe que le parcours de Sato niveau gestion de l'anxiété est plus ou moins plausible, reste le fait que ses tendances suicidaires sont présentées comme de l'héroïsme, vu qu'il est convaincu de continuer à vivre quand il entend qu'il est une merde et qu'il ne mérite pas de mort épique.

C'est dégueulasse comme message et, franchement, de me taper tout ce deuxième arc "les maladies psy suffit de ne pas les vouloir pour ne pas les avoir et dans le pire des cas crevez de faim vous irez mieux" m'a fait finir l'animé plus par biais cognitif (je me suis déjà tapé 20 épisodes, autant aller au bout) que par envie et je suis triste d'annoncer que le dernier arc est pas si mal que ça. Prévisible au possible, certes, mais regardable.

Quel gâchis ! Quel dommage d'avoir mis, entre deux parties plutôt sympa, 10 épisodes franchement chiants et insultants pour toutes les personnes souffrant de maladies psy.

Je ne peux décemment pas recommander cet animé à qui que ce soit à cause de ça.