C'est quand on se dit qu'HBO est sur la pente descendante, le bulldozer Game of Thrones étant sur la fin, que celle-ci nous montre qu'on pense comme un imbécile, déjà en nous pulvérisant avec Westworld et ensuite en nous achevant avec ce modèle de ce qu'une grande mini-série est.
Et quel casting de gros malade..., Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley (j'avais des réserves sur cette dernière, mais à la vision de l'ensemble, elles se sont totalement envolées !!!), auxquelles on peut ajouter aussi Laura Dern, cassent totalement la baraque en assurant un max. Niveau acteurs, on n'a pas à se plaindre non plus. Alexander Skarsgård notamment est excellent en mari violent.
Pour la réalisateur Jean-Marc Vallée, j'avais des réserves aussi ; je sais que je suis le seul dans ce cas mais j'avais trouvé que C.R.A.Z.Y et The Dallas Buyers Club étaient des coquilles vides. Mais visiblement le format série, qui permet de plus prendre son temps, était le bon pour le cinéaste.
Très bonne réalisation, avec même des moments inspirés, mention spéciale au cauchemar du personnage joué par Reese Witherspoon au début de l'épisode 5, brillant choix de BO avec générique de début qui en jette pas mal (vraiment très très bon le choix pour ce dernier de la chanson Cold Little Heart de Michael Kiwanuka !!!), et puis un scénario intelligent et profond.
On aurait pu s'attendre à une espèce de pâle remake de Desperate Housewives, on a beaucoup beaucoup beaucoup plus... Des personnages subtilement creusés qui évitent toujours le stéréotype. Même le mari violent du personnage de Nicole Kidman ne tombe pas dans la caricature ; on va jusqu'à comprendre ses motivations profondes, même si attention il ne s'agit absolument pas d'aller chercher des excuses à l'inexcusable... Et puis, chose incroyablement rare, car trop souvent réduits à des mini-figurants qui sont des espèces de pantins qui ne voient rien, qui ne ressentent et qui ne comprennent rien, les enfants sont des personnages à part entière avec de véritables personnalités et sensibilités.
Autrement, le scénario se tient sur trois grands fils conducteurs, à savoir une affaire de meurtres dont on ne connait pas encore le meurtrier et la victime, une des protagonistes victime dans le passé d'un viol avec comme fruit de cet acte horrible un petit garçon, et une des enfants d'une des protagonistes victimes de violence à l'école,
qui a-priori semblent devoir rester en parallèle mais qui vont finir par se croiser. L'affaire de meurtre, évoqué en flashforwards sans que l'on sache qui est le meurtrier et qui est la victime, se laisse deviner car on se doute bien de qui sera la victime et on serait hypocrite de dire qu'on n'aurait pas été déçu si ça n'avait pas été cette crevure. Pareil pour l'identité du violeur du personnage joué par Shailene Woodley, on sait très bien que c'est cette même crevure ; d'autant plus qu'on a un indice important du fait que les deux personnages ne se croisent pas du tout dans le temps présent de l'histoire si ce n'est dans les dernières minutes. Par contre, j'ai été totalement piégé par le troisième fil conducteur dans lequel la petite fille d'une des protagonistes est une victime des coups d'un autre de ses camarades en ce qui concerne l'identité de ce dernier alors que la solution était constamment sous mon nez ; et là on se dit que le scénario est véritablement profond et intelligent sur un des points que j'ai abordés précédemment à savoir les enfants. Ils voient, devinent, comprennent beaucoup plus qu'on ne le pense, et ils reproduisent...
En toute franchise, j'ai accroché et totalement dévoré les sept épisodes de l'ensemble. Je me répète mais c'est intelligent, profond, fin et on peut même ajouter puissant. C'est vraiment superbe tel quel, et donc pour cette raison, je suis entièrement d'accord avec Vallée lorsqu'il dit qu'une saison 2 n'aurait aucune raison d'être ; quand bien même on laisse cette galerie de personnages vraies donc profondément attachants à regret.