Saison 1 (7/10) :
Sans être aussi extatique que certains sur cette série, il faut reconnaître que les ambitions et espoirs placées en elle sont en bonne partie réalisés. Jouant intelligemment sur les différents points de vue de chaque personnage tout en parvenant à garder un réel suspense jusqu'au dernier épisode, « Big Little Lies » est une sorte de croisement entre « The Affair » et « Desperate Housewives », retraçant les événements ayant amené à un crime dont on ignore aussi bien la victime que le coupable, le scénario étant suffisamment habile pour nous faire régulièrement changer d'avis sur la question.
Cela peut donner l'impression d'être légèrement répétitif parfois et de ne pas être aussi délectable qu'espéré, mais fort d'une écriture de qualité, évitant tout manichéisme dans les relations entre les différents personnages et proposant une réelle complexité chez chacun d'entre eux, à l'image de trois héroïnes loin d'être toujours exemplaires dans leur comportement, à commencer par Madeline, dont la médisance cache pourtant une vraie souffrance et des angoisses loin d'être absurdes, impeccablement interprétée par Reese Witherspoon, la grande Nicole Kidman et Shailene Woodley étant également à la hauteur, sans oublier des seconds rôles de grande qualité, Laura Dern en tête.
Toute la mesquinerie, frustration et autres jalouseries propres à la nature humaine sont ainsi décrites sans fard, la réalisation relativement inspirée du habituellement si académique Jean-Marc Vallée ainsi qu'une bande-originale délicieusement vintage venant confirmer la bonne impression générale concernant une œuvre qui, à défaut d'être un coup de cœur, a suffisamment de talent devant comme derrière la caméra (et dans la narration en premier lieu) pour la rendre fortement recommandable : je ne sais pas trop ce que pourra proposer la seconde saison au vu d'une conclusion (relativement) fermée, mais en attendant, satisfaisons-nous de ce premier volet réussi.
Saison 2 (6/10) :
Je me souviens parfaitement m'être fait la réflexion à la fin de la première saison : « que pourrait-il y avoir de plus à raconter ? ». Non pas que l'idée de retrouver les personnages me déplaisait, loin de là, mais lorsque j'ai appris la mise en chantier d'un deuxième volet, j'étais dubitatif, conscient que le professionnalisme d'HBO serait au rendez-vous pour offrir quelque chose de convenable, à défaut d'être « utile ». Et bien je pense avoir pas mal résumé ce que j'ai pu ressentir sept épisodes durant : un travail solide, habilement mené (parfois un peu vide, quand même), mais n'apportant presque rien à ce qui avait été proposé précédemment. Je ne me suis jamais vraiment ennuyé, l'efficacité de certaines scènes, dialogues (je pense notamment au procès, dans la dernière ligne droite) est indéniable, y compris dans la réalisation, le talent des actrices (toutes impeccables, avec mention pour Laura Dern) n'étant plus à démontrer depuis longtemps.
Reste que ces dernières évoluent assez peu, en tout cas de manière moyennement intéressante, le « nerf de la guerre » précédant, à savoir réunir les informations afin de savoir qui a été tué, ne pouvant fonctionner ici et n'étant remplacé par aucun équivalent. Finalement, le seul levier permettant de faire avancer la série, c'est la mère de la « victime ». Pas n'importe quel levier, certes : un personnage riche, complexe, ambigu, inquiétant, interprété par une Meryl Streep taille patronne. Elle apporte un malaise, une « raison d'être » à ce second volet, mais on se repose tellement exclusivement sur elle pour faire avancer l'intrigue, lui donner un sens, que cela devient vite voyant. Trop pour justifier cette suite faisant, certes, la part belle aux femmes et à leur liberté : avec une histoire digne de ce nom à raconter, c'eut été encore mieux... Le talent, c'est aussi de savoir quand s'arrêter.