Au pays de Lars von Trier on semble connaitre la recette pour produire des séries télévisées de qualité.
Après Forbrydelsen ( the killing ) excellente série policière, voici Borgen qui écrase à plate couture les productions françaises du même genre ( l' Etat de Grace et les Hommes de l'ombre) et n'est pas ridicule comparée à l' illustre et brillantissime A la maison blanche.
Dans une formidable unité de lieu, le château ( Borgen ) qui accueille à la fois la famille royale, le parlement et le ministère d'état ( gouvernement ) est le théâtre de la conquête puis de l'exercice du pouvoir par la centriste Brigit Nyborg.
Dès le début, la série étonne par son intelligence politique. Les candidats ne sont pas caricaturaux et après la victoire le plus dur commence, constituer un cabinet dans un régime politique où la majorité est une coalition de partis fondée sur le compromis. Brigit tâtonne, Brigit surprend, sa fonction révèle ses talents de négociatrice. le plus dur n'est pas de faire face à l' opposition, mais de gérer une presse à l' affût et des alliés ou des amis politiques prompts à se déchirer ou à se pousser du col pour être le prochain.
La série offre son lot de petites machinations et intrigues mais n' en abuse pas, elle s'attache surtout à montrer les interactions constantes entre pouvoir politique, pouvoir médiatique et vie personnelle,comme l' illustre à merveille le personnage de Kasper Juul.
Spin doctor de Brigit, il est là pour servir le message de sa patronne sans avoir besoin d 'épouser ses idées. Dès le début il nous ai montré sous un abord très cynique, prêt à tout pour faire gagner sa candidate, et dans le même temps on lui découvre des sentiments pour une jeune et belle journaliste.
Tout au long de la série il ne cesse de jongler entre les deux pouvoirs et une vie personnelle chaotique.
Les auteurs de la série en plus d'offrir des scénarios intelligents, abordant de vraies questions politiques de fond ( qu'est ce que la gauche dans un pays où il n y a plus d'ouvrier? Pourquoi un petit pays comme le Danemark doit participer à la guerre en Afghanistan?) ont su trouver le bon tempo et la fine fleur des acteurs du pays ( amusant pour moi de découvrir dans cette série des acteurs tenir avec brio des rôles très différents de ceux que je leur avais connu dans la série the killing, un patron d entreprise de déménagement ex taulard devient un ministre de la défense,un flic mutique devient le mari de la premier ministre et accessoirement un brillant prof de fac etc...).
Pour couronner le tout la VO passe tout seul, comme si finalement nous devenions peu à peu Danois, ce qui n' est pas moindre attrait de cette série.