Saison 1 (7/10) :
C'est vrai qu'elle n'est pas exempte de tout reproche, cette série : en définitive l'enquête n'avance quasiment pas (ou presque) jusqu'au dernier épisode où on nous déballe tout quasiment d'un coup, l'enquête en elle-même restant plutôt classique, à l'image de certaines ficelles déjà utilisées maintes fois auparavant, sans parler d'un dénouement édifiant au possible. Reste que « Broadchurch » a ce qui fait en définitive presque toute la différence : de la personnalité. Que ce soit le cadre, la réalisation, les personnages, les situations : rien n'a beau être vraiment neuf, la subtilité de l'approche et l'univers qu'est parvenu à créer Chris Chibnall autour du drame a quelque chose de souvent émouvant, voire profond.
Rien n'est laissé au hasard, et la construction est suffisamment habile pour que l'on s'intéresse autant à la résolution de l'intrigue (pratiquement introuvable) qu'au parcours de chaque protagoniste, avec plusieurs moments particulièrement durs à la clé
(le suicide de Jake Marshall, notamment).
Au point que même la prestation légèrement agaçante dans un premier temps de David Tennant finit par se justifier au fil du récit, le reste du casting s'avérant irréprochable. Bref, voilà une série qui, sans renouveler le genre, marque par son élégance, sa finesse et surtout sa science dans la narration d'un récit dense et douloureux : une réussite.
Saison 2 (7/10) :
À la base, lorsque j'ai appris que « Broadchurch » allait avoir droit à une seconde saison, j'étais plus que dubitatif. Je ne voyais vraiment pas ce que celle-ci pouvait raconter de plus alors que nous semblions déjà avoir tous les éléments. Et pourtant... Même s'il est évident que celle-ci a été lancée après son grand succès initial, je crois avoir une légère préférence pour ces huit nouveaux épisodes. Un peu mieux équilibrée, moins « trémolo » : en bonne série anglaise qui se respecte, cette dernière prend le soin de se renouveler dans son intrigue, en en proposant une nouvelle (seulement évoquée précédemment) tout en retraçant le procès de l'accusé, celui-ci n'étant pas encore officiellement coupable. D'ailleurs, cela peut surprendre, mais finalement, surtout lorsqu'elle est menée avec l'habileté que l'on connaît aux anglais, nous montrer que des fois,
rien n'est terminé jusqu'à ce que le jury prononce le verdict peut être une idée fort judicieuse...
Si le duo David Tennant - Olivia Colman, aussi bon soit-il, est moins mis en valeur que précédemment, les nouveaux venus sont tous excellents, d'Eve Myles à Charlotte Rampling en passant par James D'Arcy et Marianne Jean-Baptiste, apportant un vrai changement dans l'approche du récit. Sans doute cette histoire d'assassinat d'enfants est-elle parfois inutilement complexe, mais on ne peut que saluer le travail de Chris Chibnall pour avoir su nous offrir une suite digne de ce nom à une histoire qui, pourtant, ne semblait pas le justifier. De quoi attendre avec sérénité la troisième (et cette fois dernière) saison.