Cette coproduction australo-américaine constitue une vraie bonne surprise : un divertissement assumé, qui mêle habilement les codes du thriller, du drame familial et du whodunit, tout en proposant un point de vue critique sur la société contemporaine - en particulier dans son rapport aux nouvelles technologies, tout en surfant sur la vague metoo.
"Clickbait" (terme qui signifie "piège à clic") lorgne donc un peu vers "Black Mirror", à l'image de la situation tragique dépeinte dans le pilote, qui rappelle le premier épisode de la série britannique. Toutefois, la série créée par Tony Ayres - auquel on doit notamment "The Slap" - ne s'intéresse qu'à notre présent, ne basculant jamais dans la dystopie.
De fait, les comportements dénoncés par "Clickbait" sont déjà connus et identifiés, servant surtout de prétexte pour faire avancer le récit ou provoquer des situations tendues. On pourra donc lui reprocher un certain opportunisme, mais son efficacité narrative s'avère remarquable, grâce notamment à un rythme haletant et un montage au cordeau..
Là où la série apporte une certaine nouveauté, voire une légère prise de risque, c'est dans la représentation de situations inhabituelles et inconfortables pour le grand public : quelle empathie le spectateur est-il censé ressentir lorsque la femme en deuil admirable se révèle adultérine, par exemple?
D'autre part, "Clickbait" peut s'appuyer sur une distribution convaincante, y compris au niveau des nombreux seconds rôles, alors même que la plupart d'entre eux demeurent méconnus.
Autour des têtes d'affiche Zoe Kazan et Adrian Grenier, j'ai ainsi découvert de nouveaux visages talentueux, à l'image de Phoenix Raei (le flic musulman), Betty Emmanuel (Sophie), Abraham Lim (le journaliste gay), ou encore Daniel Henshall (le frère de la jeune femme suicidée).
On pourra certes reprocher à la série produite (entre autres) par le réalisateur Brad Anderson ("The Machinist") un certain nombre de maladresses et d'invraisemblances, défauts habituels des divertissements mainstream, mais pour ma part je retiens surtout sa bonne gestion du suspense et sa grande efficacité narrative.