"Emily in Paris", à première vue, promet d'offrir une plongée captivante dans la vie professionnelle et personnelle d'une jeune Américaine envoyée à Paris pour travailler dans le marketing. Malheureusement, ce qui aurait pu être une exploration nuancée des différences culturelles entre les États-Unis et la France se transforme rapidement en un enchaînement de clichés fatigués et d'incohérences, au point que l'expérience laisse un goût amer.
La série tente de représenter Emily comme une figure innocente et morale, porteuse des valeurs américaines, confrontée aux bizarreries françaises. Cependant, ce contraste est traité avec une telle lourdeur que les coutumes françaises semblent réduites à des stéréotypes risibles et datés. La complexité de la culture parisienne disparaît sous des couches d'exagérations qui frôlent parfois le ridicule. Le choc culturel est ainsi présenté de manière caricaturale, où chaque situation semble tirée d'un guide touristique démodé.
Ce qui devient rapidement problématique, c'est le décalage entre l'image qu'on souhaite donner d'Emily et son comportement réel. Loin de représenter une jeune femme professionnelle et ambitieuse, Emily tombe dans un schéma simpliste où elle enchaîne les conquêtes amoureuses avec une superficialité déconcertante. Le personnage se transforme en une figure de "michtonneuse" moderne, prête à s’offrir au premier homme séduisant qu’elle croise, ce qui nuit gravement à toute tentative de construction d'un protagoniste attachant ou inspirant.
En ce qui concerne l'aspect visuel et le cadre, Paris est présenté sous un jour artificiel. Les difficultés réelles de la vie parisienne, qu'il s'agisse des manifestations, des grèves, ou même du chaos des transports en commun, sont totalement occultées. Emily évolue dans une bulle de luxe où chaque problème est résolu presque immédiatement et sans effort. Les conflits professionnels ou personnels sont vite balayés par des solutions simplistes et des rencontres providentielles. En conséquence, il n'y a pas de véritable enjeu dramatique. Tout est si lisse et sans aspérité que la série perd rapidement tout intérêt. Chaque épisode ressemble à une overdose de vie sucrée, où les victoires s’enchaînent sans réelle lutte, laissant le spectateur à la fois blasé et épuisé par tant de facilité.
Le jeu des acteurs est tout aussi inégal que le scénario. Si certains personnages parviennent à incarner avec un minimum de crédibilité leurs rôles respectifs, d'autres semblent complètement perdus. Un exemple flagrant est celui de l'amie qu'Emily se fait, une femme (incarnée par Camille Razat) impliquée dans une marque de champagne. Son jeu paraît systématiquement artificiel, dénué d'émotion, comme si elle récitait son texte par automatisme, sans aucune conviction. Il ne manquerait qu'une voix robotisée pour compléter ce tableau déshumanisé. Cette faiblesse dans le jeu des acteurs renforce l'impression générale d'une série sans âme, où tout semble préfabriqué et dépourvu de profondeur.
En somme, Emily in Paris est une série qui aurait pu offrir une perspective originale sur la vie d'une expatriée américaine à Paris. Pourtant, elle s'embourbe dans une accumulation de clichés, une absence flagrante de tension narrative et un manque criant d'authenticité. La vie d’Emily est trop parfaite, trop facile, trop sucrée... Au point d’en devenir écœurante.