Saison 1 : 6/10
J'avais beaucoup aimé les deux saisons de "La trêve", cette série belge qui avait connu un joli succès à l'échelle européenne, c'est pourquoi je me suis laissé tenter par la nouvelle série policière proposée par la RTBF.
Et j'avoue que dans un premier temps, je n'ai guère accroché à ce drama policier au rythme lent et aux airs de déjà-vu, malgré un synopsis original - autour de la libération d'un assassin d'enfants ayant purgé sa peine (un sujet culotté, surtout lorsqu'on connaît le lourd passif de la Belgique en la matière).
En dehors de cette particularité, "Ennemi public" s'apparente en effet aux innombrables séries policières mâtinées de drame social, vues sur tous les écrans européens depuis quelques années, et dont personnellement j'ai fini par me lasser, après une première vague enthousiasmante ("The killing", "Broadchurch", "Bron"...).
On retrouve ainsi l'éternelle héroïne cabossée et dépressive, hantée ici par la disparition jamais élucidée de sa jeune soeur, mais aussi l'atmosphère pesante d'un bourg de province, où chacun semble camoufler des secrets inavouables, sans oublier l'habituelle esthétique hivernale, entre paysages campagnards grisâtres et immenses forêts inquiétantes.
Comme en prime la série prend son temps, et que l'interprétation s'avère très inégale, il m'aura bien fallu 3-4 épisodes (sur 10) pour dépasser cette entrée en matière laborieuse.
Et progressivement, "Ennemi public" sera parvenue à me séduire, dévoilant notamment un scénario bien construit et astucieux. La team de cinq scénaristes parvient à éviter l'écueil fréquent de ce genre de séries, à savoir la structure 1 épisode - 1 suspect, dont le spectateur sait pertinemment qu'il sera ensuite innocenté, et réussit à bâtir au contraire une intrigue complexe mais cohérente, prenant des directions parfois inattendues.
Certes, on pourra déplorer pas mal de maladresses ou facilités narratives, mais le récit retombe finalement sur ses pattes, avec un dénouement à la fois surprenant et plutôt crédible (je pense en particulier à l'identité du tueur dans l'arc principal, mais aussi au destin de la petite soeur).
Même le rythme nonchalant de la série finit par devenir un atout, contribuant à l'ambiance générale assez contemplative (rappelons qu'un monastère et ses habitants sont au centre de l'intrigue).
Je reste donc sur une impression favorable, même si je ne peux pas oublier avoir ramé pendant un bon tiers du récit avant d'accrocher. A mon avis, la série comprend facilement 2 épisodes de trop, ce qui nuit à son efficacité globale, de même que quelques comédiens à la ramasse, qui surjouent effrontément au point de pourrir certaines scènes.
Reste une première saison fort honorable, qui pourrait m'inciter à regarder la suite (il existe déjà une saison 2, et la troisième arrive incessamment).