Lorsqu'il s'agit d'adapter une saga littéraire classique, on attend toujours le pire du résultat, certains d'être trahis, en bon fervents défenseurs des œuvres chères à notre cœur que nous sommes. Adapter un livre, c'est un exercice compliqué car nous nous faisons tous une vision différente de ce que nous lisons. Il n'y a pas d'images ou de sons qui soient canoniques. Le système narratif lui-même est propre au livre, et impossible à retranscrire dans d'autres media.
Il faut ajouter aux barrières de l'adaptation d'autres contraintes et d'autres altérations. La contrainte de rendre un projet d'adaptation rentable, économiquement parlant, étant la première qui me vient en tête. Fondation était réputée pour être « inadaptable », et je pense que la raison première (et la seule) tiens à une banale histoire de pognon car il n'y a rien dans Fondation qui soit si extraordinaire qu'on ne puisse le retranscrire ailleurs que dans un bouquin.
C'est pour toutes ces raisons qu'on est prudent et méfiant envers une adaptation ; d'une certaine façon, adaptation et trahison sont synonymes.
Une série comme les autres...
L'épisode 1 suggérait qu'on était en présence d'une adaptation faite par des passionnés. Des passionnés de science-fiction, et des passionnés de Fondation (évidemment !). L'univers est rapidement installé, non pas en décrivant mais en montrant, comme Asimov savait le faire. L'adaptation est fidèle et à l'œuvre et au support télévisuel : la caméra remplace le narrateur omniscient, et on en prend plein les mirettes.
L'épisode 2 semble signer l'arrêt de mort de l'adaptation. Goyer et Friedman nous inventent une romance à la con et une intrigue politique moisie qui étaient totalement absente des livres. On est en plein dans les considérations de série pour adolescent prépubère [et donc un peu attardé, on est tous passé par là]. Ah oui, et... Les personnages commencent à faire n'importe quoi.
Rappelons que les thématiques (présentes au départ) de Fondation sont : la croyance, la perméabilité entre la science et la religion, l'écologie (oui, déjà), l'étouffement et la renaissance de l'humanité, la disparition du Père, les dissensions politiques...
Où est l'amour dans tout ça ? N'y a-t-il pas eu assez de romans, de pièces de théâtre, de films, de séries, d'opéras, et de musiques qui ont décrit l'amour ? Pourquoi faut-il qu'on retrouve ça, là, dans une adaptation de Fondation ?!
Eh bien...
Triste réalité...
Quelques personnes qui ne regardent jamais la télé (mais qui la font) ont jugé qu'une série dans laquelle on a pas un couple qui se forme et qui se roule des pelles, c'est une série qui ne peut que faire un flop. Eh oui, car tout le monde sait que ce qu'on recherche dans absolument tout ce que l'on regarde c'est de l'émotion, et la seule émotion qui vaille c'est l'amour (et le kiki tout dur). Point.
Ce groupe de génies a donc entreprit de trouver des exécuteurs efficaces, qui « aiment » la science-fiction. Entrent en scène David Goyer et Josh Friedman. Le premier est scénariste de quelques jeux Call of Duty. Tout est dit. Le second est à l'origine de Snowpiercer (la série), mais s'en est fait viré par manque de docilité. Entendez que « la vision artistique de monsieur Friedman ne collait pas avec les attentes de la production ». Et rebelote semblerait-il avec Fondation.
Je pense qu'ils n'en ont rien à carrer de Fondation, et qu'ils n'ont même pas essayé de faire entrer Fondation dans le format d'une série télé, aussi commerciale soit-elle. Ce n'est pas une adaptation, c'est un projet cupide, qui appâte le chaland avec un gros nom. Fondation n'est donc qu'une coquille dans cette histoire.
Qui vivra verra
Bon je me rends compte qu'au fur et à mesure que je me repasse le deuxième épisode en tête, j'en ai plus grand chose à foutre ni de la série, ni de ma critique. Et comme on a eu droit qu'à deux épisodes, disons que je laisse le bénéfice du doute à la série, et qu'on s'y re-penchera à la fin de la première saison.