J’ai failli coller deux étoiles, la troisième est de pure forme, pour saluer une des rares bonnes idées de cette série, à savoir le trio de Cléons. Assurément, les nouvelles et romans du cycle de Fondation se prêtaient mal au format de la série étasunienne, mais à un tel niveau de trahison on n’est plus à mon sens dans l’adaptation.
Première trahison : le coup de théâtre majeur des récits d’Asimov, les robots à la manœuvre depuis des millénaires ? Évacué avec le personnage de Demerzel, dont on découvre très vite la nature. Sans parler des Spatiens, qui sont en quelque sorte des robots biologiques.
Deuxième trahison : les messages enregistrés par Seldon font place à un Seldon numérique, une IA capable d’interagir avec autrui et surtout, on l’imagine, de penser et d’adapter ses actions aux nécessités de la situation, des fois que la psychohistoire ne soit pas si fiable que cela, par exemple…
Troisième trahison : la Seconde Fondation des livres, dont l’existence n’est révélée qu’au moment où tout paraît perdu, après que l’imprévisible Mulet, aux pouvoirs parapsychiques, semble avoir définitivement mis à mal le plan Seldon, est présentée dans la série en l’absence de tout enjeu dramatique — bravo, les scénaristes !
On pourrait y ajouter des manquements à la logique des récits, comme la formidable publicité faite à Seldon avec la médiatisation de son procès, alors que le succès de son plan repose essentiellement sur l’ignorance des masses et même de ses acteurs, les membres de la Fondation (dont aucun n’a jamais de vue d’ensemble du plan, connu autrefois de Seldon seul). Je regrette aussi l’apparition bien trop précoce du paranormal, qui en outre prend ici ce caractère mystico-cucul dont les Étasuniens ont le secret, et pour le coup totalement étranger à Asimov.
Mais passons… Si encore il s’était agi de proposer quelque chose d’original, mais tout ou presque est téléphoné, avec des personnages pour la plupart à peu près aussi attachants qu’une savonnette mouillée.
Malgré ses innombrables libertés (euphémisme), le blockbuster I Robot était en définitive plus fidèle à l’esprit des nouvelles d’Asimov que cette série qui tire à l’épisode pour pratiquement ne rien dire. En définitive, seul l’empereur tricéphale suscite quelque intérêt, un comble !