Quand le Nouveau monde résonne avec l'ancien

J'avais beaucoup d'attentes concernant cette série au vu des critiques élogieuses qu'elle avait reçue, et je dois dire que le résultat est en demi-teinte. Certes l'histoire est sympathique, et le final vaut à lui seul le visionnage, mais je ne peux m'empêcher de sentir un arrière-gout amer dans la bouche.

Faute principalement à un manque de chair dans le dessin, qui pour un scénario aussi singulier est passablement générique, sauf peut-être à de trop rares moments. Le fond reste tout de même intéressant, bien que parfois un peu poussif (et je ne parle pas que de l'épisode 8), mais même si l'intérêt de la série réside principalement dans le dernier arc et dans son final réussi, j'ai eu du mal à accrocher.

Faute aussi à des personnages un peu faibles dans leurs caractères (certains pourrons arguer que c'est le conditionnement, soit, mais à ce point-là...) et des dialogues pas toujours très recherchés, Shinsekai Yori m'a laissé un arrière-gout fade, comme un joli plat, bien cuisiné mais trop bien présenté et mal assaisonné. Si l'histoire a une bonne cohérence on ne peut pas en dire autant du rendu global qui finalement m'a donné l'impression d'avoir à faire quelque chose de glissant, d'impossible à identifier à un morceau de soi, comme si la personnalité de l’œuvre originale avait foutu le camp, ne laissant derrière elle que des questions éthiques et philosophiques. En somme Shinsekai Yori me semble comme dépouillé de personnalité, intéressant pour la réflexion qui en émerge, mais pas pour ce qu'elle fait partager (et les extraits de Dvorak n'y changent malheureusement pas grand-chose). Un autre aspect qui m'irrite de plus en plus dans les histoires de ce style c'est que l'effet de surprise qui consiste à changer de perspective est gâché par le fait que les personnages, la trame, presque tout est sans enjeu, on ne peut pas s'imaginer le futur des personnages, de leur société, tout semble construit pour la simple révélation d'autres enjeux ultérieurs qui finalement perdent leur valeur conflictuelle du fait qu'ils ne sont pas mis en concurrence avec des enjeux antérieurs. Pour tout dire, le défaut de cette construction qui s'avérera plus tard factice, c'est justement le coté trop factice de ce microcosme : une illusion pour remplir son rôle mime le réel sans être lui, ça lui donne une fausse consistance, mais elle autorise qu'on se fie à elle. Ici depuis le début, je sentais que ça ne tenait pas, je sentais que c'était factice, du fait ça a perdu énormément son impact au moment des révélation puisque d'emblée, on sentait que quelque chose clochait.

Cela dit l'anime a aussi beaucoup de qualités, la narration est bien construite bien que quelques passages pourraient être évacué sans altérer la trame, l'histoire va lentement en se complexifiant, nous laissant le temps de s’accommoder à son univers, et en assumant pleinement cette complexité elle lui donne un cachet intéressant qui sera son point fort: il n'y a pas de retour possible, une fois la désorganisation en marche dans le joli monde de nos protagonistes, rien ne l'arrête, pas de power up à la noix pour sauver le monde, pas de mort curieusement ressuscité pour venir à la rescousse de nos protagoniste, sauf une fois (mais bon après tout ça n'est pas un shonen), tout se fait hacher menu par le temps et par les événements. Un autre aspect intéressant est ce retournement opéré progressivement de l'intérieur du système à sa vision de l’extérieur qui a pour effet de renverser les perspectives acquises depuis le début, mais comme dit plus haut, cet effet tombe un peu à l'eau (en ce qui me concerne).
Concernant la fin, je dirais sans hésiter que c'est la chose la plus réussie de ce périple: elle résout brillamment l'arc trois dans une conclusion magistrale que je ne spoilerai pas, mais qui donne vraiment à réfléchir...

Voilà, un anime que je recommande tout de même, rien que pour la fin, même si le déroulement peut être parfois poussif, le jeu en vaut la chandelle