Gintama, une parodie bien barrée qui a tout pour plaire. Le concept, les extraterrestres qui débarquent à l'ère Edo est surtout un prétexte pour justifier les anachronismes, avec des samouraïs qui regardent la télé ou qui font leurs courses dans une supérette... Le trio principal fonctionne bien, c'est très drôle, l'anime foisonne de bonnes idées.
Pourtant, c'est le cœur brisé que je ne lui attribuerai qu'une petite note, et il y a vraiment un gros coup de gueule qui s'impose quand on fait le bilan de la série.
Une parodie consiste à faire rire en reprenant une oeuvre. Il s'agira alors de calquer le concept d’origine en ajoutant simplement des blagues. Ça peut avoir une approche très mordante, en mettant en lumière les défauts de l'original pour mieux s'en moquer, et même parfois le surpasser en s'en détournant. Ironiquement, c'est un genre à prendre très au sérieux.
Gintama parodie les shonens pour l'essentiel, et occasionnellement d'autres choses comme Jackie Chan et son gros nez... Or, le manga est publié dans Shonen Jump, un magazine qui diffuse justement ce que Gintama est censé parodier. Alors forcément, trop souvent on est plus dans la référence, voire l'hommage que dans la satire.
Pire encore, plutôt que que de parodier, Gintama embrasse les défauts, ou plutôt les tares du genre, et c'est à se demander s'ils ne l'ont pas fait exprès.
On alterne entre des épisodes parodiques et des arcs plus sérieux, voire assez dramatiques avec de l'action, du sang et des morts.
D'abord c'est assez abrupt de passer de l'un à l'autre sans prévenir. Il y a même le cas d'un épisode sérieux avec une chute à la fin qui dévoile qu'en réalité l'épisode tout entier n'était qu'une blague. Sauf que la partie sérieuse dure vingt minutes et n'a pas grand intérêt, ça résume assez bien le concept plus que bancal de la série.
Dans les épisodes sérieux, les blagues sont plus ou moins présentes, mais l'histoire se prend vraiment très au sérieux. Des thèmes graves seront abordés tels que la prostitution, l'esclavage, la drogue et mêmes des idéologies révolutionnaires. Ce n'est pas dérangeant en soi, même si le faire dans ce contexte peut déconcerter, ça dégage une certaine bizarrerie qui fait le sel de la série.
Ces arcs sérieux se cassent la gueule dans leur exécution. Globalement les histoires sont en général au mieux assez moyennes. Il y a un fil lâche, des personnages et des affrontement à venir sont teasés, mais je ne sais pas si je verrai ça de mon vivant tellement ça traîne.
La crédibilité est inexistante. Je ne compte plus le nombre de fois où le protagoniste subit une blessure mortelle, mais finit par se relever pour casser la gueule à un méchant plus balèze que lui par la seul force de sa volonté après avoir débité sa morale à deux balles.
Quant aux épisodes plus drôles, j'avoue que parfois on atteint des sommets. Mais on cède aussi à la facilité avec de la vulgarité et des choses plus banales. Ces parodies peuvent même tenter de délivrer un message, et là ça devient vraiment très chiant.
Sur le plan technique, l’animation est moyenne, l'image est d'une résolution assez basse pour l'époque, en tout cas pour les premières saisons. La musique est plutôt bonne avec quelques thèmes marquants.
Les personnages sont un point fort. Les principaux sont un trio de losers, le samouraï insouciant, le geek terre à terre, et la fille qui casse complètement l'image du perso féminin idéal : forte, brutale, vulgaire. Il y en a bien d'autres.
Malheureusement l'auteur se repose sur ses lauriers en ne les faisant pas évoluer. C'est qu'on s'attache à ces personnages, alors pourquoi prendre des risques ? On pourra apprendre des choses sur leur passé, mais globalement ils restent figés. Figés dans leur personnalité, figés dans leur rôle, figés avec la blague qu'ils sortiront à chacune de leurs apparitions. Il y a cependant des running gags qui marchent plutôt bien et qui arrivent encore à surprendre malgré la répétition.
Les bons moments font que vous vous accrocherez à cette série, malheureusement la qualité est diluée. Il s'établit alors une sorte de cercle vicieux où vous vous retrouverez à vous délecter de moments géniaux qui anesthésieront votre esprit critique face à la médiocrité.
Le plus gros point noir qui est vraiment rédhibitoire est le rythme. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup trop d'épisodes. Le travail d'un auteur ne consiste pas à produire le plus de papier possible en dénichant quelques perles de temps à autres. Gintama ne mérite pas d'être visionné dans son intégralité, parce qu'on a qu'une vie.
A quand un remake condensé ?