Les Anglais savent écrire des séries de qualité et ce Giri Haji (le devoir et la honte) vient confirmer la qualité de la production de la BBC en la matière. Tout commence par un meurtre qui va déclencher une série d’événements entre Tokyo et Londres. On est au cœur de la théorie des ronds dans l’eau qui n’en finissent pas de s’éloigner du centre du cercle où la première pierre a été lancée. Comme pour toute tragédie grecque, il faut un drame familial et ce sont ici deux frères que tout oppose — un yakuza et un policier intègre — qui sont au cœur du drame. La série traite donc d’un drame familial au cœur d’un affrontement entre clans yakuza. L’originalité vient des lieux de l’action : le japon bien sûr, mais aussi Londres. Avec un tel sujet, on a l’impression de deux mondes totalement étrangers l’un à l’autre qui se télescopent. Amateurs de zigouillages et de dispersion façon puzzle, soyez rassurés : ça ventile et ça disperse. Les cadavres s’accumulent. Un quadrille familial et amoureux fait de deux frères, d’une policière à l’accent écossais à couper au couteau et d’un prostitué homosexuel anglais. Un second cercle de personnages secondaires bien campés qui gagnent en épaisseur au fil des épisodes : une adolescente japonaise délurée et fine mouche (la fille du policier), un adjoint qui semble lourdaud et qui se révèle plus fin qu’on ne croit, et quelques vieux Japonais : policier et chefs de clans yakuza. Le dilemme auquel est confronté le policier, tout comme celui, que son frère doit affronter de son côté, sortent du cadre binaire bon/méchant et rendent la série intelligente. Le tout est filmé intelligemment avec un sens du rythme qui fait que l’on ne s’ennuie pas une seconde. Les épisodes se regardent avec plaisir et on attend la suite avec impatience.