Lancée entre Daredevil et Sense8, nul doute que Grace and Frankie passera plutôt inaperçue au milieu de toutes ces nouveautés Netflix qui nous arrivent désormais à un rythme bimensuel. En faisant appel aux scénaristes Marta Kauffman (un nom qui sonnera familier aux fans de Friends) et Howard J. Morris, le site de VOD réunit en tout cas deux scénaristes majeurs des années 90, ayant déjà notamment collaboré sur Dream On. Mais c’est davantage le casting qui retient ici instantanément l’attention : Jane Fonda, Lily Tomlin, Martin Sheen et Sam Waterston, rien de moins.
Et rapidement, malheureusement, on se rend compte que rien ne marche vraiment. Car malgré qu’elle soit techniquement plutôt propre, avec un habillage musical plutôt correct – on parle de l’OST de fin d’épisodes, pas des musiques au piano clichés qui apparaissent toutes les cinq minutes – et une direction d’acteurs qui tient la route, Grace and Frankie est une série terriblement mal écrite. Pas seulement par rapport aux standards Netflix, mais véritablement affligeante par rapport à la concurrence actuelle. Ce n’est pas un hasard : on évoquait plus haut la présence de Kauffman et Morris au scénario, et Grace and Frankie est une série qui sent effectivement très mauvais les années 90. Juste de par son concept de départ faussement innovant, ses gags et ses blagues inconséquents, les morales incessantes sur la tolérance, le couple, l’amour ou même les nouvelles technologies, qui brillent de condescendance et surtout de naïveté. Les personnages – pourtant presque encore plus important que les dialogues dans une dramédie – sont une galerie de stéréotypes, superficiels quand ils ne sont pas incohérents. On les a déjà vu ailleurs, tous, et ici leur développement succin n’avance absolument à rien.
Si bien que passé quelques épisodes navigant entre le correct et le très mauvais, Grace and Frankie finit par sombrer dans une routine qualitative médiocre qui la suivra jusqu’à la fin de saison. Pendant ce temps, il ne sera rien passé. Les personnages sont allés exactement là où on avait deviné qu’ils iraient dès le premier épisode, le tout illustré par des relations interpersonnelles écrites avec une finesse de bulldozer, sans oublier les classiques des sitcoms (l’épisode bouteille de l’ascenseur – oui, oui, ils ont osé – l’épisode drague, l’épisode enterrement, l’épisode fête…) et des arcs narratifs secondaires ridicules se concentrant sur des individus dont tout le monde se fout – les quatre enfants, une véritable horreur.
Après avoir passivement enchaîné les treize épisodes, on ne retient pas grand-chose de Grace and Frankie à part un sentiment de déception amère. Une comédie pas loin d’être idiote, très calibrée et déjà vue, jamais drôle, jamais touchante, ni inventive ni originale : non, c’est un énorme raté sur de nombreux aspects. Certains apprécieront sans doute, mais il faudra faire fi d’une écriture désuète et dépassée, et surtout de la fâcheuse impression d’avoir déjà été confronté à toutes les situations théoriquement comiques présentées ici. Le talent en moins.