L’animé de sport, par définition, ça fait peur. On a toujours l’impression d’avoir droit au même traitement invraisemblable d’une activité quelconque qui semble à chaque fois avoir été tirée au sort – de toute façon, le processus narratif sera le même ; les règles officielles, elles, sont facultatives. "Haikyuu" s’intéresse donc au volley-ball, par essence le sport dont la plupart des personnes n’ont jamais vu un match en entier, que tout profane définirait par « deux camps de chaque côté d’un filet qui se renvoient une balle ». C’est pas loin de la vérité, certes, mais dit comme ça, ça n’inspire rien de réellement passionnant. Adapté d’un manga éponyme, réalisé par Production I.G, les studios déjà à l’origine de "Kuroko’s Basket" et de "Ace of Diamond", "Haikyuu" était alors loin d’être un projet qui pouvait faire saliver. Et pourtant.
Il n’y a rien de vraiment original dans la forme de "Haikyuu". N’importe quel observateur tombant par hasard sur un épisode isolé ne serait ni emballé, ni repoussé par le spectacle qui s’offrirait à lui. Mais là où "Kuroko’s Basket", par exemple, se perdait à déifier ses protagonistes, "Haikyuu" se révèle bien plus réaliste, et donc crédible. Les joueurs de l’équipe suivie ont un bon niveau, oui, mais leurs adversaires aussi. Et là où l’animé arrive à surprendre c’est en créant de l’empathie pour l’équipe "d’en face", il n’y a pas de boss habituel faussement imbattable, il y a juste des passionnés qui tentent de faire leurs preuves. Les personnages sont attachants au possible, le scénario parvient à surprendre, à émouvoir et surtout, à passionner. La mise en scène des matchs est à tomber par terre, c’est fluide, rapide, enivrant. A la fin de chaque épisode, on n’a qu’une envie : jouer au volley.
Alors oui, il n’y a pas de génie dans "Haikyuu", mais il y a une fraicheur, une passion et surtout un aspect presque terre à terre assez unique dans ce genre de production. Les épisodes s’enchaînent sans problèmes, les matchs à rallonge ne sont jamais ennuyants et se montrent tendus et imprévisibles. La galerie de personnages est très réussie, de même que le charadesign (et l’animation en général) : contrairement à d’autres animés qui ont besoin de donner des coupes de cheveux invraisemblables à leurs personnages pour pouvoir les différencier, ici tout se joue dans les traits, dans la personnalité, dans l’écriture et le background de chacun. L’équipe forme un tout, chaque élément semble indispensable à son maintien et à sa bonne forme – et ça, c’est très rare dans les animés du même genre.
Difficile de faire preuve de beaucoup d’objectivité devant "Haikyuu", qui a ses travers, mais qui arrive à fasciner, à emporter le spectateur comme peu d’autres séries du genre. Tout ce qu’on attend désormais, c’est la saison 2, tant ce premier acte s’est révélé surprenant et fort émotionnellement tout en assumant complètement son statut de divertissement fluide et détendu. Une vraie réussite.