Trouble town
Il est des séries qui marquent et happy Valley fait partie cette catégorie.
Le genre de série qui ne laisse pas indifférente et pour laquelle on se prend d’affection. Ici, pas d’histoires grandiloquentes, pas de fusillades, pas de cliffhanger improbables.
Ce qui fait la force de cette série, c’est ce drame qui se joue sous nos yeux. Un drame intimiste dans cette Angleterre profonde qui a du mal à se remettre de la fin des grandes usines.
Les histoires ne sont pas tendres et n’épargnent pas le spectateur qui se retrouvent confronté au désespoir des humains.
Désespoir contrebalancé par une petite lueur d’espoir qui apparaît dans ces petits moments de bonheur au fil des 3 saisons.
Cette série est basé sur 3 piliers :
1-le casting
Ce casting est tout simplement superbe. Tous les protagonistes principaux de la série sont justes. Sarah Lancashire est formidable dans le rôle de Catherine Cawood. Sans jamais en faire trop, elle se montre parfaite. Le rôle semble avoir été écrit pour elle.
James Norton (le probable futur James bond) est glaçant dans son rôle de père sociopathe. Dans la 3e et dernière saison, son interprétation dans les derniers instants de la série supplante largement celle des autres personnages. Siobhan Finneran aussi tient parfaitement le rôle de la sœur de l’héroïne. Le seul qui pourrait sembler agaçant est Rhys Connah dans son rôle de Ryan Cawood mais on finit par lui pardonner tant on peut comprendre qu’il n’est pas facile d’être le fils d’un tueur.
Les personnages secondaires sont au niveau. Tout ce petit monde fait en sorte que l’on a l’impression d’être en face de personnages du quotidien.
2- l’écriture
Un autre atout d’Happy valley est son écriture. Les sujets sont difficiles mais très bien abordés. Aucune volonté d’en faire trop, on ne vire pas dans le pathos. Des sujets comme les violences faites aux femmes, le féminisme, l’autorité, la réponse judiciaire, la misère sociale sont approchés de la manière la plus juste. Tout ce sérieux est parfaitement contrebalancé par des répliques plus légères qui nous arrachent souvent un sourire. L’équilibre est parfait entre le dénouement des crimes et la vie des protagonistes.
3- Un attachement du spectateur à cette série
Quand on débute cette série, on se dit quel est cet ovni dans le paysage audiovisuel d’aujourd’hui. Elle n’est pas là pour vous embarquer dans la traque d’un tueur plus intelligent qu’Albert Einstein. Elle n’est pas non plus là pour vous raconter une histoire qui ne tient pas debout une seule seconde.
On pourrait parfois se croire dans un semi-documentaire tant on parvient à s’imaginer dans cette ville de la campagne anglaise ou rien ne peut se passer. On s’attache à cette petite famille qui essaie de surmonter un drame terrible. Certaines scènes de la vie quotidienne sont touchantes et nous font devenir un membre de cette famille. Catherine est une grand-mère courage qui fait du mieux qu’elle peut. Même si la durée entre la saison 2 et 3 est très longue (7 ans), on retrouve facilement le fil des évènements.
Happy Valley est un drame intimiste dont nous sommes les spectateurs. C’est une série qui démontre qu’il est possible de proposer autre chose dans un paysage audiovisuel qui est stéréotypé et qui a du mal à se réinventer. Un bouffé d’oxygène étouffante.