On connaissait Alexandre, créateur de la série humoristico-médiévale Kaamelot, parfois drôle, souvent lourdingue, sans réel fil conducteur, du moins dans les premières saisons. Voici Simon son petit demi-frère, aux commandes de ce Hero Corp. Réalisateur, acteur, scénariste, il gère tout, et était attendu au tournant du fait de son illustre frère. Alors que valent réellement les quatre premières saisons (une cinquième est prévue) de Hero Corp ? Tout d'abord, il faut préciser que tout n'est pas égal, la faute notamment au changement brusque de format a partir de la saison 3. Sur la base de 20 minutes par épisode, la production a forcé la main à l'équipe technique afin qu'ils réduisent la durée. La saison 3 présente donc 36 épisodes de sept minutes ce qui altère le déroulement des péripéties et hache trop le scénario.
Mais revenons au commencement. La première saison souffre d'un défaut pouvant faire fuir les spectateurs : elle est beaucoup trop longue à se mettre en place. Ces longueurs se ressentent fortement malgré des personnages attachants et des dialogues savoureux. Cependant, après trois ou quatre épisodes, on se laisse porter par l'ambiance décalée de la série et par cette bande d'ex super-héros branquignols. Toute la première saison se déroule dans un village de Lozère ayant de furieux airs de village d’irréductibles gaulois. Les personnages passent leur temps à s'engueuler, à se balancer des œufs, mais tous (ou presque) s'uniront pour vaincre un ennemi commun. Techniquement, la série souffre d'un réel manque de moyens, les effets spéciaux sont foutraques, la réalisation est bancale, mais comme dirait John (Simon Astier) "Ça passe". Cette première saison bien que lente au démarrage, présente bien les personnages, propose une flopée de dialogues savoureux et au final, on se marre bien.
La deuxième saison ne se passe plus au village, on peut la décomposer en deux parties. Une première partie "road movie" ou plutôt "forêt movie" et une autre plus statique. Les personnages restent les mêmes, de nouveaux font leur apparition, de plus en plus loufoques (mention spéciale à Alexandre Astier aka Araignée Man). Dans cette deuxième saison, le scénario se densifie, les querelles de villages laissent progressivement place aux prémices d'un univers plus sombre. Passons maintenant à la troisième saison. La série ne faisant pas assez de parts d'audience, le format fut raccourci. Nous voilà avec des épisodes de sept minutes. Ainsi, si l'humour fait toujours mouche, on a parfois un peu de mal a se repérer dans le scénario trop fractionné. Ceci mis à part, la série prend un tournant plus mature, plus sombre, laissant présager une saison quatre de haute volée.
Et en effet, la quatrième saison se révèle être la meilleure de toutes. Le climat général est extrêmement sombre, l'humour est parfois mis de côté au profit d'une intrigue qui tient en haleine. Il y a plus de moyens dans cette quatrième saison, la réalisation est de plus en plus poussée, les effets spéciaux tiennent la route, et les lieux d'action sont de plus en plus diversifiés. La twist final laisse sans voix et ne nous fait que plus attendre l'ultime saison. Concrètement, Hero Corp est, malgré ses multiples défauts, un pari réussi. Et si les quatre saisons sont inégales, l'humour fait toujours mouche et le scénario aux multiples rebondissements nous tient en haleine jusqu'au bout.