Hilda, la petite pépite animée de Netflix sortie en 2018, c’est un peu comme si Le Petit Prince avait décidé de s’installer dans un univers où trolls, esprits de la forêt et corbeaux bavards cohabitent joyeusement. L’histoire suit Hilda, une jeune fille aux cheveux bleus et à la curiosité inépuisable, qui transforme le quotidien en quête épique. Si vous pensiez que la ville est synonyme d’ennui et de routine, laissez-moi vous dire qu’à Trollbourg, même le facteur a des histoires de fantômes à raconter.
Hilda est un personnage principal tout droit sorti d’un conte nordique revisité : audacieuse, malicieuse et armée d’un sens aigu de la justice. Elle est le genre d’héroïne qui, quand elle entend un bruit étrange, ne court pas dans la direction opposée comme le ferait un humain raisonnable ; non, elle s’en approche, les yeux pétillants et la main prête à griffonner ses observations dans un carnet. Entourée de ses compagnons tout aussi singuliers – le cerf renard Twig, un meilleur ami à fourrure qui ferait fondre un glaçon, et David, l’ami un peu peureux mais loyal – Hilda découvre que l’émerveillement est au coin de la rue (ou derrière un troll camouflé).
La série réussit le tour de force d’être à la fois douce et mystérieuse, avec des touches d’humour fin et des moments qui suscitent une véritable réflexion. Chaque épisode est un voyage où l’on se dit : "Oh, une créature que je ne connaissais pas, voyons comment elle va bouleverser la journée de Hilda". Et ça, c’est avant que la situation ne prenne une tournure encore plus étrange et envoûtante. Les habitants de Trollbourg sont un concentré d’excentricité : des géants qui cherchent leur moitié à des elfes bureaucratiques obsédés par les papiers administratifs, on ne peut qu’apprécier le soin mis à rendre ce monde riche et crédible, même dans son absurdité.
Visuellement, Hilda est un délice pour les yeux. Les décors, inspirés de l’esthétique scandinave et des bandes dessinées originales de Luke Pearson, sont un mélange de paysages naturels époustouflants et de détails urbains charmants. L’animation est fluide, les couleurs douces et les transitions entre les scènes créent une ambiance cocooning qui donne envie de se blottir dans un plaid avec une tasse de chocolat chaud (et un soupçon de magie, évidemment).
Les thèmes explorés vont bien au-delà des simples aventures de l’enfance. Il s’agit de grandir, de s’adapter, de comprendre que l’inconnu n’est pas toujours à craindre mais à embrasser. Hilda nous apprend à regarder le monde avec des yeux d’enfant, même quand les défis se font plus grands que nous. Et elle le fait sans tomber dans le prêchi-prêcha : ici, la morale est subtile, presque chuchotée par la brise qui fait danser les arbres.
Hilda a cependant ses petits défauts. Certains épisodes peuvent sembler un peu trop contemplatifs ou se perdre dans des digressions, mais cela fait partie de son charme : on est là pour se laisser porter, pas pour cocher des cases d’intrigue à suspense. Et puis, il y a ce risque de retomber en enfance à chaque visionnage, ce qui n’est pas forcément un problème si vous cherchez à fuir le quotidien adulte.
En résumé, Hilda est une bouffée d’air frais pour petits et grands, une série où l’on redécouvre la beauté de l’inconnu et la richesse des mondes invisibles. C’est un plaidoyer pour l’imagination, un rappel que l’aventure ne se trouve pas toujours dans des contrées lointaines mais parfois juste dans le jardin de notre voisin, entre une brique enchantée et un troll endormi. Si vous êtes prêt à renouer avec votre âme d’enfant et à explorer des histoires aussi belles que poétiques, Hilda vous tend la main, et franchement, qui pourrait dire non ?