Une série politique anglaise d'un cynisme réjouissant, diffusée à une époque sans doute moins propice à ce ton insolent que celle de son remake US avec Kevin Spacey - dont j'avais également adoré les premières saisons.
"House of Cards UK" apparaît d'autant plus audacieuse dans son propos que la série s'inscrit dans un cadre réaliste : le décor des institutions britanniques, le parti conservateur et les allusions à Margaret Thatcher, la situation chypriote avec le conflit gréco-turc dans la saison 3...
Il faut dire que l'auteur du roman adapté, Michael Dobbs, est un ancien conseiller de la Dame de fer, qui connaît parfaitement le microcosme politique, et le restitue avec une relative véracité.
Toutefois, parmi les quelques défauts, on pourra déplorer une tendance à en faire un peu trop dans le cynisme, avec par exemple des agents de sécurité assoiffés de sang, qui en viennent à abattre de simples chauffards...
Autre bémol, la narration se révèle assez inégale, avec quelques sous-intrigues moins percutantes ; d'autre part, le scénariste Andrew Davies a souvent recours à des deus ex machina pour boucler certains arcs narratifs.
Heureusement, le show est centré sur un Ian Richardson de gala, impérial dans le costume du politicien Francis Urquart, monstre de cynisme et d'ambition personnelle, d'une immoralité jubilatoire et d'une brutalité effrayante.
Le comédien écossais compose un personnage mémorable, bénéficiant au passage de bons dialogues souvent lucides sur la chose politique, de sorte que "House of Cards" constituait en 1990 un traitement de choc à conseiller pour tout citoyen naïf et soucieux de se déniaiser.
Aujourd'hui, l'ensemble a un peu vieilli mais mérite encore largement le coup d'œil.