House of Cards
7.5
House of Cards

Série Netflix (2013)

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Saison 1



David Fincher et Kevin Spacey. Deux noms qui font frémir n'importe quel cinéphile - le premier est le réalisateur des meilleurs thriller des quinze dernières années (Seven, The Social Network, Zodiac, Fight Club) et le deuxième l'un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Si Spacey avait été un acteur majeur des années 90 (Seven avec Fincher tiens, sans oublier Usual Suspects, American Beauty ou Minuit dans le jardin du bien et du mal), il avait eut tendance à se faire plus discret sur les écrans depuis dix ans en raison d'une "aventure théâtrale". Au casting récemment de Horrible Bosses et Magin Call, House of Cards pourrait bien lui permettre de revenir définitivement sur le devant de la scène.


L'initiative de Netflix est à la fois révolutionnaire et novatrice : étant un site de VOD, elle propose les 13 épisodes de son House of Cards dès le premier jour de sa sortie. J'avais l'occasion de les voir depuis un bout de temps, mais j'avais aussi la flemme de me lancer dedans. Par peur d'être déçu sans doute, en grand fan de Fincher et de Spacey, et en étant tout sauf amateur de fiction politique. Et c'est à ce moment qu'on peut faire une constatation plutôt fastueuse sur Fincher : ce mec, quoi qu'il touche, il le transforme en or. Faire un film sur Facebook ? Paf : The Social Network. Faire un film sur la vie d'un mec qui vieilli à l'envers ? Paf : Benjamin Button. Il a du génie et House of Cards le prouve une fois de plus.
Dès le premier épisode ça brille, et ça ne s'arrête pas malgré l'arc développé autour de Robin Wright qui est un peu plus léger que le reste. Sinon c'est excellent, sincèrement. Aucun défaut majeur, tout est écrit d'une main de maître et réalisé de manière cinématographique. Les acteurs sont bluffants et Spacey crève l'écran, sans oublier quelques révélations (Corey Stoll en Peter Russo, dont c'est l'un des premiers rôle majeur).


Addictif - on avait pas autant accroché à une série depuis Game of Thrones - et surtout profondément gravé dans son temps, House of Cards est une grande réussite. Avec l'intervention de ses protagonistes glacials (Kevin Spacey, Robin Wright, Kate Mara) on aurait put penser que la série mette de côté les émotions - c'était sans compter sur les trois derniers épisodes, énormes et imposant encore plus la puissance de la série signée Fincher. Une oeuvre rare, qui entre ses intrigues politiques superbement écrites et son sens du dialogue et de la mise en scène imparables parvient à glisser une petite larme. On pense de même au personnage de Peter Russo, l'une des plus grandes créations de la série.


En à peine une saison, House of Cards se classe officieusement parmi les incontournables de la télévision moderne - pouvant sans peine rivaliser avec HBO, AMC ou Showtime alors que ses producteurs sont un site de VOD. Une grande réussite qui va surement faire une grosse moisson aux prochains Emmy. Techniquement parfait, scénaristiquement, avec des acteurs géniaux et, cerise sur le gâteau, addictif à tel point qu'on ne peut plus la lâcher de bout en bout. A saluer aussi l'énorme travail de Jeff Beal sur la bande-originale, l'une des meilleures jamais composées pour une série TV.
★★★★★★★☆☆☆



Saison 2



Je vais commencer par dire ça : Robin Wright, tu es magnifique. Je crois que je la hisse parmi mes actrices préférées - un charisme, un charme, une sensualité de chaque instant, en plus d'avoir un magnifique jeu d'acteur. Parce que la suite sera plus modérée. House of Cards me déçoit. Non pas que la série soit mauvaise, loin de là, c'est même un bon cru, mais cette saison 2 a répété bêtement les défauts de la première (qui j'ai relevé d'avantage avec le recul sur la première saison) en les empirant. Si bien que ce qui était "oubliable" dans la première fait ici très tâche. L'absence de David Fincher, parlons-en. Si le bonhomme ne s'était occupé que des deux premiers épisodes de la saison 1, son influence artistique s'était étendue au reste de la saison. Ici, c'est comme si tous les réalisateurs (même si on retrouve de beaux noms derrière la caméra, comme Jodie Foster) avaient décidé de filmer tout le plus platement possible : aucune ambition, aucun relief. Là où House of Cards pouvait aisément concurrencer le cinéma à travers sa première saison, la série ne ressemble ici à rien d'autre qu'une autre série habituelle. Rien de foncièrement péjoratif, mais le choc est gros et handicape clairement le show, la mise en scène étant l'une des plus grosses qualités de la première saison.


L'écriture des personnages, aussi. Car notamment au travers de petits coups de génie comme Peter Russo, la saison 1 gagnait beaucoup à la construction cohérente de ses intervenants. Si la saison 2 propose elle aussi des nouveaux personnages excellents (Seth - mon coup de cœur), certains se révèlent subitement moyennement écrit. Une scène particulière de l'épisode 11 vient d'ailleurs foutre un peu tout en l'air, car en plus d'être incohérente, la dite-scène arrive comme un cheveu sur la soupe (parce que bon, dégommer Francis et Claire Underwood en une scène, je le pardonne pas). Le casting est pourtant très bon : je me répète, mais Robin Wright crève l'écran. Kevin Spacey est jouissif même si il en faut parfois un peu trop, et le reste du casting s'en sort plutôt bien dans des rôles moins exposés (même si Michael Kelly a fini par m'agacer vers la fin de saison...).
House of Cards reste quand même un show passionnant. Petit hic : là où les intrigues secondaires de la précédente saison restaient partiellement en retrait, ici elles prennent beaucoup de place, et finissent par interférer l'excellente trame principale qui réserve pourtant des fulgurances et des scènes de dialogues incroyables. Des intrigues secondaires qui, en plus de prendre trop de place, s'empilent, surtout au milieu de saison, et on finit par s'y perdre énormément entre ces cinq ou six arcs scénaristiques simultanés, plus ou moins bien gérés qui plus est.


Alors bon, pas la peine d'être pisse-froid : l'ennui ne se fait que très rarement ressentir (et est généralement concentré sur des épisodes précis), et certains épisodes (le 4 et le 13) ne font que confirmer les qualités de la série. Mais on devrait en attendre plus de House of Cards, qui se repose sur ses acquis et livre une saison inférieure à la précédente, souffrant de défauts qui handicape un sujet et un casting en or massif. On a plus qu'à espérer que la saison 3 propose quelque chose de plus risqué, de plus surprenant, qui ne se contentera pas de balancer des twists mal filmés dès le premier épisode comme seul marque d'originalité. Ceux qui ont aimé la première saison apprécieront sans aucun doute celle-ci. Dans mon cas, le plaisir s'est légèrement distillé.
★★★★☆☆☆☆☆☆



Saison 3



Une saison de House of Cards semble ressembler à chaque fois à une nouvelle épreuve pour Frank Underwood, un nouveau niveau comme si lui-même évoluait dans un jeu vidéo – medium qui possède une place étonnement importante dans ce troisième crû de la série de Beau Willimon. Ainsi, après une deuxième saison plutôt insupportable dans ses intrigues superflues inintéressantes et son aspect décalqué de ce qui avait fait le succès de la série l’année précédente, on retrouve pour la troisième fois Frank et Claire pour treize épisodes de politique de comptoir, de scènes faussement subversives et de meurtres gratuits.


Quoi ? Il n’y a rien de tout ça ? Et c’est effectivement là la (bonne) surprise des premiers épisodes – puis des suivants : étonnement sobre, soulagé de ses effets lourdingues (principalement le franchissement du quatrième mur, très peu utilisé cette année) et de ses twists improbables, House of Cards renaît de ses cendres. Même la mise en scène retrouve des couleurs : de vraies idées de cadrage, des plans à tomber par terre, un professionnalisme jusque dans les plus discrets détails. Mais qu’est-ce que peut donc nous raconter House of Cards pendant qu’elle ne passe pas son temps à montrer en large et en travers la monstruosité de Frank Underwood ? C’est bien simple : pour la première fois, la série de Netflix semble enfin mériter son étiquette de « show politique » (notons les guillemets). Boucherie de pouvoir sur fond de réforme sociale, Nouvelle Guerre Froide en arrière-plan de tensions géopolitiques, analyse sociétale à la base d’un couple en crise. House of Cards propose des sous-textes très intéressants, figurant les questionnements du paradigme mondial, s’intéressant autant à la hausse du chômage qu’au régime poutiniste, des droits des femmes jusqu’à ceux des homosexuels, de la guerre israélo-palestinienne jusqu’au rôle bâtard des Etats-Unis dans le bloc occidental. Cette réussite est à incomber en partie au personnage de Petrov : version Willimon de Poutine, il est aussi ambiguë que passionnant, et les épisodes où il apparaît se classent parmi les meilleurs de la saison.
Il y a toujours des ombres au tableau : tout ce qui tourne autour de Doug fait vraiment tâche et s’inscrit dans une continuité inutile de la deuxième saison. Heureusement que ces arcs narratifs ne composent qu’une petite partie de ces treize épisodes – malgré que le (médiocre) final se focalise dessus. C’est aussi dans le manque de subtilité de l’écriture du couple phare de la série qu’on peut trouver des erreurs de traitement : pas très crédibles, pas très cohérents – ou en tout cas trop opaques pour l’être. Car il faut le dire : si Frank Underwood était plutôt jouissif au départ, on semble avoir fait le tour du bonhomme depuis longtemps.


House of Cards est toujours et encore un peu surévaluée, mais cette saison 3 revient combler le fossé creusé par l’acte de l’an dernier. D’excellents choix, une écriture passionnante, une mise en scène très réussie, un Lars Mikkelsen démentiel, une bande-originale plus complète que jamais et une portée politique bien pensée. C’est toujours aussi vulgaire sur certains aspects mais la série parvient à passer outre. Soulagement.
★★★★★★★☆☆☆

Créée

le 26 mars 2013

Modifiée

le 18 févr. 2014

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Vivienn

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