Une série que je recommande vivement. Réalisateur du premier épisode et principal producteur : David Fincher, acteurs aux programmes : Kevin Spacey, Robin Wright, Kate Mara. Musique d’enfer (littéralement, il y a des trompettes !) composée par un superbe artiste Jeff Beal. Ca fait rêver ! Pas de spoil dans cette critique (d’ailleurs jamais dans aucune autre, on ne gâche pas un plaisir, on le fait partager) de l’une de mes séries préférées si ce n’est la première.
House of Cards. On nous parle quand même d’un gars qui veut tous nous dominer, qui n’a aucun scrupule, qui nous regarde droit dans les yeux (superbe regards caméras par ailleurs tout le long des saisons) et nous annonce ses plans machiavéliques qu’il fomente avec sa reine avec parfois un léger sourire. Et nous on est là assis, puis debout et révoltés ? Non. On acquiesce, on sourit à son sourire, on est sous son emprise et on aime ça. Il n’emploie aucun mot doux, seulement pour sa reine ou pour amadouer ses opposants (au nombre de 7 milliards). Il nous torture en nous faisant voir qu’il n’a d’yeux que pour elle et aucun pour nous si ce n’est nous dire qu’il ne regrette rien de ce qu’il va nous montrer.
Et la série marche ! Evidemment. On a en face de nous Kevin Spacey incarnant Frank Underwood, un politicien cherchant à accéder au Bureau Ovale et sa femme Claire, jouée par Robin Wright, PDG d’une ONG environnementale. Autant dire que s’ils sont arrivés si haut, il y en a certains qui ont du se retrouver très bas (voir six pieds sous terre) quand on connaît les deux personnages ensemble.
La série marche d’autant plus que l’on est complice de ce couple totalement au dessus du « American Dream », là on nous parle du Underwood Dream, rien à voir ! Bien plus ambitieux ! On regarde mais on ne fait rien. On ne peut qu’être stupéfait de leur maîtrise des mots, de leurs idées si sombrement ficelées. Et on y prend goût. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas que deux personnages dans cette série. Non, il y a Doug : le chef de cabinet de Frank Underwood, qui a laissé sa morale chez lui, à fermer la porte à double tour et à donner les clefs à son patron qui les lui redonnera probablement (pas) lorsqu’il sera Président du Monde. Et encore, il y a tous les autres hommes politiques, tous aussi méfiants les uns que les autres, se tournant autour pour savoir qui va être assez bête pour lancer la première attaque et se retrouver mordu par derrière.
On est tellement bercé, nous ; nourrisson de la magouille politique, par les paroles de Frank Underwood qu’on a à peine le temps de découvrir où se trouve le bien dans tous ça. Mais il y a t-il seulement un bien et un mal ? Bien des séries et films ont cherché la réponse où du moins se sont fait un malin plaisir à nous laisser la trouver. Ici, c’est à nous de rechercher la justice. Mais seul.
Heureusement pour notre morale, Zoe Barnes, la reporter d’un journal est là pour nous aider à trouver le droit chemin ! Alléluia nous sommes sauvés ! Vraiment ? Elle n’est pas très haut dans l’échelle de son journal, elle a déjà quelques ennemis, elle ne donne pas l’impression de faire les choses en bonne et due forme. Mince ! Elle est dans le coup ? Elle aussi ? Mais on se fit à qui alors ? J’ai trouvé : Freddy ! Le mec qui vend les meilleurs travers de porc de tout Washington D.C. ! Oui mais il fait pas de politique lui… Le seul gars fiable n’a aucune valeur… Ok une valeur morale dans la série mais sinon…
Voilà House of Cards dans toute sa splendeur. Et comment le spectateur, à l'image du monde dans lequel on vit, a finalement si peu son mot à dire. Pourtant on aimerait dire ce que l'on pense, certains personnages le font pour nous mais à quel prix ? Et on se rend compte que vu les sacrifices qu'ils ont subi, cela en valait-il vraiment la peine ? Est-ce que nous même, finalement, ne nous rangerions nous pas vers l'acceptation de la toute-puissance au dépit de nos opinions ?
Et le pire c'est qu'Underwood a un côté rassurant, parce que puissant et déterminé. Seulement était-ce de la confiance ou de la persuasion ? Etait-ce de l’amitié ou de la manipulation ? Etait-ce de l’amour ou de la violence ? Les réponses vous ne les aurez que par vous même parce que la série ne fait pas de cadeau et Frank Underwood pourrait bien vous en faire un, mais je ne suis pas sûr qu’il faille vraiment l’ouvrir. Allez, si, ouvrez-le.