Critique House of Cards, plaisir coupable...
House of Cards est une série créée par Beau Willimon et produite, en autres, par David Fincher et Kevin Spacey ; adaptation de la série britannique éponyme, elle-même une adaptation du roman de Michael Dobbs… Voilà c’est dit, en gros on a affaire à du lourd si je puis m’exprimer ainsi ; et ce n’est pas une remarque en l’air, même si mon objectivité vole en éclat, par le simple fait que David Fincher est l’un de mes réalisateurs préférés et Kevin Spacey me lasse rarement de ses prestations. Voici mon avis personnel…
Franck Underwood, démocrate de la chambre des représentants et chef de la majorité, ayant permis l’élection de Garrett Walker au poste de président des États-Unis moyennant la promesse de devenir Secrétaire d’État, sera dupé par ce dernier. Hors de lui, sa femme Claire à ses côtés, ils décident de conquérir les hautes sphères du pouvoir par la manipulation en n’hésitant pas à détruire tous ceux qui s’opposent à leur dessein, se vengeant par la même occasion des traitres du passé…
House of Cards est une partie d’échecs machiavélique où chaque protagoniste, pion stratégique du jeu de Franck, peut être sacrifié à tout instant afin de pourfendre son concurrent ou bien se voir déchoir définitivement de l’échiquier de la vie publique afin de déblayer l’accès… Une série nous dévoilant la bassesse perfide et l’ignominieuse manipulation du monde politique affilié au monde économique papillonnant autour afin d’y polliniser de son suc tentateur les marches du pouvoir, pendant que l’effervescence journalistique se noie en s’égarant dans l’immondice chimérique des communiqués...
Franck Underwood, interprété par le sublime Kevin Spacey, est un être revanchard dénué de scrupule, abscons à la politesse hypocrite… Manipulateur hors pair, il ne s’avoue jamais vaincu et ira jusqu’à l’innommable pour atteindre son but. Sa Femme Claire Underwood, interprétée par Robin Wright, est son pendant féminin, froide et calculatrice et d’une condescendance mesquine… En somme, un couple venimeusement dévastateur.
Je ne m’appesantirais pas sur l’aspect technique et esthétique de House of Cards, d’ailleurs le premier épisode, réaliser par David Fincher lui-même, dissipera tout semblant de crainte qui aurait pu s’immiscer par inadvertance dans vos esprits inquiets un soir de fatigue… C’est sobre, mais soigné et même léché ; luminosité translucide, ombre ténue, ambiance distinguée et étriquée des lieux diplomatiques jusqu’à la crispation frétillante du monde journalistique, imbriqué de multiples abords plus opaques et pudiquement discrets de scènes inavouables... Réalisation maitrisée, embellie de mélodies intimistes susurrées le plus souvent… bref, on est embaumé dans une fourrure en cache mire qui nous enfonce lentement dans les méandres du pouvoir pervers du dit oui, mais pense non et fais ci, pour contrer celui-là ! Et dites vous bien que les dialogues fusent de répliques cinglantes et machiavéliques, souvent jouissives, à l’image des apartés théâtrale face caméra de Kevin Spacey, nous divulguant ses véritables pensées de carnassier…
Imaginez aimer suivre avec tant d’avidité le parcours d’un politicien véreux réalisant tout ce que j’exècre le plus au sein de cette société pour son simple égoïsme carriériste, assoiffé de contrôle et de suprématie, allant jusqu’à instrumentaliser pour ensuite lacérer, déchiqueter et dispersé ceux qui entravent son chemin ou retardent légèrement son ascension puérile… point de pitié, point de salut de l’âme, tout n’est que postérité prestigieuse à encrer de sangs les pages vierges des livres d’histoire !… Serais-je devenu masochiste ?