Introduction :
En 1995, deux ans après le second volet télévisé britannique d’House of Cards, The Final Cut, troisième et dernière saison, est diffusé.
Saison 3 – The Final Cut
La chevrotine a parlé. Toute chose a une fin, rien n’est éternel. Une piqure de rappel à la sauce Francis Urquhart. Un écho de ses tous premiers mots lors du premier épisode de la série. Les cartes ont certes été redistribuées. Pour autant, ce final s’appuie sur des thématiques récurrentes dans la franchise.
La côte de popularité de F.U. n’a jamais été aussi basse. Les menaces et la corruption ne fonctionnent plus auprès des journalistes et des dissidents de son parti. Le Premier Ministre n’accorde plus aussi facilement sa confiance. Au point qu’il préfère nommer un idiot comme secrétaire du parti. Plus facile à contrôler. A quelques jours du record de longévité de Thatcher, mieux vaut éviter de se faire poignarder dans le dos par un arriviste un tant soit peu intelligent. D’ailleurs, des travaux pour ériger une statue à la Dame de fer sous la fenêtre de F.U. sont en cours. Comme si l’ex-dirigeante du parti conservateur narguait Urquhart, lui annonçant une fin similaire à la sienne.
Encore une fois, Francis est pourchassé par un fantôme du passé. Loin de s’en tourmenter, il est déterminé à laisser son empreinte en Grande-Bretagne et en Europe. Pendant ce temps, sa femme travaille à leur assurer une retraite dorée. L’opportunité se présentera de Chypre pour le couple. Des juges internationaux, dont un britannique, doivent décider des frontières maritimes turcs et grecques dans la région. Naturellement, les Urquhart joueront de leurs informations concernant une possible source de pétrole afin de faire une superbe démonstration d’ingérence.
Si près du but, le passé d’Urquhart ressurgit pour contrarier ses plans. Dans sa jeunesse, Francis Urquhart avait servi l’armée britannique lors d’une mission à Chypre. Le résultat de l’opération a depuis été étouffé, comme des centaines d’autres durant cette période. Une jeune fille et son père pressent Urquhart en quête d’explications sur la disparition de deux de leurs proches. Puis, tapis dans l’ombre, une menace bien plus dangereuse et dont Urquhart n’a aucune connaissance, en lien avec Mattie Storin.
Francis balaye temporairement sans trop de difficulté la première menace tandis qu’un de ses ministres évincé et abandonné par sa maîtresse, nouvelle secrétaire du parti et conseillère d’Urquhart, secoue d’avantage le parti conservateur. Pour être franc, cet aspect de cette dernière saison n’est pas l’un des plus intéressants. Il s’agit simplement d’un témoignage de la tentative de survie de F.U. à sa chute ; d’une illustration du processus naturel par lequel la nouvelle génération cherche à pousser vers la sortie l'ancienne.
Lorsque, à la suite d’un coup de poker d’Urquhart, les événements se précipitent à Chypre, Machiavel junior s’engage dans sa guerre des Maldives personnelle. Qui dégénèrera, créant une désapprobation et un rejet total des actions de F.U. chez l’électeur, incarné par nous-même, spectateur. Hypocrisie de notre part vis-à-vis de nos gouvernants élus démocratiquement, répliquera Urquhart : « Vous voulez un dirigeant fort, qui n’a pas peur d’agir. Vous m’avez choisi. Quoi que je fasse, quoi qu’on fasse en mon nom, vous y prenez part. ». Lorsque nous sommes représentés par des personnes médiocres, peut-être devrions-nous nous remémorer qu’ils ont accédé au pouvoir de par notre propre médiocrité. Par laisser-faire, indifférence ou aveuglement, ignorance, etc.
Cette tendance humaine à laisser tomber ses idoles voire à comploter et se retourner contre elles dès que la barque prend l’eau est imagée tout au long de cette saison. Une illustration parfaite en est la scène résolutoire. En outre, nous nous offusquons quand un politique est suspecté d’avoir servi ses intérêts financiers pour assurer son avenir. Ne prendrions-nous pas de telles dispositions sachant que cela nous est possible ?
« You may think that, I couldn’t possibly comment »…