Saison 1 : 9/10
Je me dépêche de donner un avis spécifique sur cette saison inaugurale, avant de me précipiter sur la suite, tant ces 13 premiers épisodes m'auront emballé, comme peu de séries récemment.
Produit par David Fincher, ce remake d'une série anglaise de 1991, dont j'ignorais l'existence, approche en effet l'excellence dans de nombreux domaines.
D'abord, le héros Francis Underwood, un politicien retors, sans foi ni loi et en quête de revanche, magnifiquement interprété par Kevin Spacey, qui s'adresse régulièrement à la camera, pour des séquences qui favorisent l'empathie, l'immersion et la pédagogie. Car parfois les ressorts du régime parlementaire à l'américaine ne sont pas limpides pour le spectateur non anglo-saxon. La série reste toutefois accessible au plus grand nombre, à condition de manifester un certain intérêt pour cet univers impitoyable.
Les autres protagonistes principaux sont Claire Underwood (la patricienne Robin Wright), épouse de Frank, qui dirige une importante association "caritative" en lien étroit avec le pouvoir ; Zoé Barnes (Kate Mara), jeune journaliste ambitieuse et indépendante, qui va rapidement entretenir des rapports troubles avec le congressman Underwood ; Peter Russo (Corey Stoll), un jeune parlementaire prometteur mais trop attiré par les femmes et l'alcool.
Une myriade de personnages secondaires gravitent en outre autour du Capitole, incarnés par des comédiens investis, dont l'importance varie selon les arcs narratifs de chaque épisode.
La réalisation, confiée à Fincher pour les deux premiers épisodes, est très propre, efficace, on sent que la série de Netflix bénéficie de moyens importants.
On est donc face à une saison initiale très prometteuse, pourvu que "House of cards" parvienne à maintenir ce rythme et cette qualité globale pour la suite, à l'inverse d'autres séries politiques (n'est-ce pas "Scandal"?)
Saison 2 : 9/10
Cette deuxième saison, qui débute par un twist gigantesque, tient toutes les promesses esquissées lors de la première : des personnages passionnants, des intrigues prenantes, un rythme trépidant...
Voilà un des shows les plus addictifs de ces dernières années.
La trajectoire de Francis Underwood s'accélère, sa personnalité reste impitoyable mais son comportement évolue, dans la mesure où notre héros cynique et manipulateur est confronté à des défis toujours plus grands, souvent inédits même pour lui, parallèlement à sa destinée politique et aux conséquences qui en résultent sur sa vie conjugale.
Son épouse Claire évolue elle-aussi, dans une période douloureuse de sa vie de femme, et l'impeccable Robin Wright s'affirme un peu plus comme le véritable alter ego de Kevin Spacey.
Autour d'eux, certains personnages prennent de l'ampleur, à l'image de Jackie, Lucas ou du président Walker, enfin mis en avant. D'autres apparaissent, comme le milliardaire Raymond Tusk, qui joue un rôle central dans cette saison 2.
Seul reproche parmi ces louanges, on constate un léger fléchissement en milieu de saison, avec une paire d'épisodes moins passionnants, mais le rythme s'accélère à nouveau à mesure que Frank avance ses pions pour conquérir le pouvoir suprême.
Saison 3 : 8/10
Saison 4 : 8/10
Saison 5 : 7/10
Saison 6 : 5/10
Malgré l'affection que je lui aurais longtemps portée, "House of cards" s'inscrit donc au final parmi les séries qui auront décliné de saison en saison, pour aboutir à ce médiocre sixième opus - sans la star Kevin Spacey pour les raisons que l'on sait.
Je donne la moyenne de justesse, car le visionnage fut bref (8 épisodes) et pas foncièrement désagréable (avec un sursaut dans les 2 derniers épisodes et le projet d'assassinat de la Présidente), mais désormais "HoC" ne ressemble plus à grand chose, entre soap opera politique et intrigues de couloir vues et revues.
On ne comprend plus grand chose à certaines scènes trop allusives, chaque personnage revient faire coucou sans arc narratif vraiment abouti, et surtout l'ombre de Francis Underwood plane sur toute la saison (la palme à ces enregistrements posthumes que l'on n'entendra évidemment jamais).
Quitte à se passer de ce personnage hyper central, les scénaristes auraient du davantage axer l'intrigue autour des responsables de sa mort justement. Au lieu de quoi on navigue à vue d'épisode en épisode, avec plusieurs rebondissements improbables et artificiels pour épaissir un peu la sauce, et une Robin Wright qui tente péniblement de se montrer aussi machiavélique que feu son mari.
Heureusement que les nouveaux visages tiennent plutôt bien leur rang, à l'image de Greg Kinnear et surtout Diane Lane, la cinquantaine triomphante.
Voilà, "House of cards" c'est terminé, c'est un show que j'ai beaucoup apprécié, notamment au cours des 2 premières saisons. La qualité a progressivement décliné, et la lassitude du spectateur a sans doute joué son rôle également. Depuis 2013, les séries politiques ont fleuri sur les écrans, et le plaisir de voir le personnel politique caricaturé en purs requins n'est plus le même, peut-être aussi parce que la réalité a trop souvent rejoint la fiction (Trump, Benalla, Cahuzac etc...).