*Critique originale disponible sur Duotaku no Sora*
C'est un rêve... Je suis en train de rêver. Je fais ce rêve chaque jour. Un rêve sans fin.
Yûichi revient dans la ville de son enfance pour faire sa rentrée en 1ère dans son nouveau lycée. En emménageant chez sa tante où il retrouve sa cousine Nayuki, il se rend compte qu'il n'a pratiquement plus aucuns souvenirs de tout le temps qu'il a passé dans la ville avec elle petit.
Il ne tardera pas à faire la rencontre d'Ayu, une jeune fille excentrique avec qui il jouait souvent étant enfant et qui dit elle aussi avoir perdu quelque chose de très important sans parvenir à se rappeler quoi cependant. En la côtoyant, Yûichi retrouvera petit à petit tous les souvenirs qu'il avait préféré oublier...
En quête de souvenirs...
Kanon est l'adaptation par Kyoto Animation du jeu vidéo éponyme du studio Key (à qui l'on doit CLANNAD ou Little Busters! entre autres) sorti en 1999. Une première adaptation par Toei Animation avait déjà vu le jour en 2002, mais forte du succès du jeu, Kyoto Animation choisira de lui donner un remake plus abouti et plus soigné quelques années plus tard en 2006. C'est donc ce remake qui nous intéresse ici.
Kanon suit donc le même schéma que les autres adaptations animées des franchises de Key, c'est à dire qu'un jeune homme va rencontrer plusieurs filles qui auront chacune une histoire. Ainsi l'anime suit le schéma des différentes "routes" du visual novel de base et se découpe par "arc" d'environ 5 épisodes qui se focaliseront tour à tour sur l'une des héroïnes dont le passé viendra faire écho à celui de notre héros. À noter cependant qu'ici il n'est pas question de harem comme on pourrait l'imaginer puisque les filles n'auront pas forcément un intérêt romantique pour le héros (contrairement au jeu qui est un jeu de drague à la base) et que la romance ne sera pas au centre de l'œuvre.
Nous sommes dans un contexte comme toujours très slice of life, notamment school life puisque la plupart des filles rencontrées se trouveront à l'école avec Yûichi, avec comme il est de coutume chez Key un zeste de fantastique et surtout des histoires aussi tristes que touchantes, bien que Kanon se veuille plus mélancolique que réellement dramatique comme pouvaient l'être les autres œuvres du studio. Ainsi l'histoire de Yûichi avance lentement mais sûrement, il n'y a pas de fil conducteur à proprement parler, Yûichi sympathise simplement avec les filles qu'ils rencontrent tout en découvrant un peu leur vie et leur passé mais également le sien puisque Yûichi aura la plupart du temps déjà rencontré ces filles lorsqu'il était enfant. Ces rencontres feront donc office d'éléments déclencheurs pour ses souvenirs perdus que nous découvrirons au fil de l'anime et qui se révèleront bien durs à porter pour le petit garçon qu'il était, car l'histoire de chacune des héroïnes sera liée aux divers sentiments enfouis de Yûichi tel l'amour, le regret, la peur de l'abandon ou encore celle d'être oublié de tous.
Ainsi la conclusion de sa quête de souvenirs sera comme toujours extrêmement émouvante, marquée par la nostalgie de l'enfance de Yûichi que nous entreverrons par bribes et qui viendront rythmer l'anime qui laisse bien souvent planer le mystère autour de ses héros. L'histoire ne sera donc pas extrêmement rythmée, il y aura beaucoup de parties tranche de vie plutôt anodines et rigolotes, mais l'anime parviendra à tenir en haleine grâce à cette aura de mystère que l'on retrouve tout au long de l'anime et dont les diverses réponses seront disséminées de manière discrète au fil des épisodes de la série.
Des personnages touchants
L'anime se focalisera principalement sur notre groupe de héros :
Yûichi est une jeune lycéen de 17 ans assez banal. Plutôt sociable malgré son tempérament posé, il aime bien embêter Ayu et sa cousine Nayuki qui sont assez naïves. Yûichi ne marquera pas grandement les esprits étant donné qu'il ne se démarque pas en grand chose comme c'est souvent le cas dans ce genre d'anime, néanmoins il reste un personnage agréable avec tout de même un peu plus de répondant que votre héros lambda.
Nayuki est donc la cousine de notre héros avec qui il revient cohabiter. Sous ses airs de filles niaise et dans la lune, Nayuki peut aussi se révéler très mature et combative lorsqu'il le faut. Elle tient énormément à son cousin avec qui elle a passé beaucoup de son enfance.
Nayuki peut agacer avec son côté à moitié larguée dans les débuts mais on se rend compte au fil de l'anime à quel point c'est une fille en or qui a le cœur sur la main et prend grand soin des êtres qui lui sont chers.
Makoto est une jeune fille amnésique recueillie par la tante de Yûichi. Très têtue et capricieuse, elle se dispute souvent avec Yûichi qui n'hésite pas à lui faire la morale, mais elle l'apprécie beaucoup malgré tout. Elle tentera elle aussi de retrouver sa mémoire avec l'aide de Yûichi.
Makoto est la loli aussi choupi qu'agaçante qu'on retrouve dans toutes les œuvres du genre. Elle est difficilement supportable au début avec son caractère de gamine entêtée mais elle deviendra très attendrissante par la suite cependant, son arc étant particulièrement émouvant sur la fin.
Mai est une des senpai de Yûichi à qui il proposera son aide pour tenter de mieux s'intégrer parmi ses camarades. En effet, Mai est une jeune fille taciturne qui ne dit jamais un mot et ne montre presque pas ses émotions, ce qui en fait la victime de divers préjugés. C'est en passant son temps libre avec elle que Yûichi découvrira le secret qui la tient à l'écart des autres.
Mai est un personnage assez... étrange. Disons qu'elle est si peu démonstrative qu'on a du mal à la percer à jour et son histoire ma foi très bizarre n'aide pas vraiment. Bref, un personnage assez oubliable comparé aux autres filles il faut le dire.
Shiori est une jeune fille de 2nde. Atteinte d'une maladie, elle n'a pas encore pu faire sa rentrée au lycée mais vient souvent y faire un tour afin de voir un peu comment cela se passe. Yûichi ira souvent se promener avec elle en lui racontant des anecdotes sur l'école, mais il découvrira bien vite que la jeune fille porte en elle des blessures bien plus pesantes que sa maladie.
Shiori est l'archétype de la fille pure et bien élevée que l'on peut également voir souvent, bien qu'elle ait aussi un côté un peu chipie avec Yûichi qui la fasse sortir du lot. Un type de personnage assez lisse mais toujours attachant malgré tout, personnellement j'ai beaucoup apprécié Shiori et son histoire bien que la fin de son arc demeure au final assez vague.
Et enfin nous avons Ayu, l'héroïne principale de l'histoire. Jeune fille toujours optimiste et de bonne humeur mais assez empotée, elle se fait souvent charrier par Yûichi sur ses manies de gamine. Néanmoins les deux deviendront rapidement complices comme au temps où ils étaient enfant.
Ah là là, Ayu, une héroïne juste adorable et géniale ! Sans être follement originale, on ne peut que s'attacher à cette petite qui fait office de rayon de soleil dans cette ville entièrement recouverte de neige.
Il y aura assez peu de personnages secondaires, ce qui fait que tous auront un rôle à jouer à un moment ou un autre. Je retiens particulièrement Akiko, la mère de Nayuki et tante de Yûichi, qui est juste une maman en or. En dehors de ça les autres personnages, à l'image des héros, seront eux aussi plutôt convenus et tirés d'un stéréotype assez courant dans le monde de l'animation japonaise. Mais si il est vrai que tous ses personnages ne seront pas forcément des plus mémorables en soi, on s'attachera malgré tout facilement à eux, chacun étant touchant à sa manière.
Une œuvre chaleureuse
À l'image des autres adaptations tirées du studio Key, l'anime aura un visuel atypique et reconnaissable entre mille avec son chara design très moe et ses yeux soucoupes et divers ahoge typiques des animes des années 2000. On aime ou non, mais il faut reconnaître qu'en dehors de ce côté un peu rétro, le visuel de l'anime est très joli. La palette de couleur est à la fois sobre mais colorée et les effets de lumière sont des plus réussis. Comme toujours les décors et l'ambiance sont eux aussi extrêmement travaillés, chaque œuvre du studio se basant sur l'une des quatre saisons qui transparaît généralement immédiatement dans le visuel. Dans Kanon, c'est le froid non moins chaleureux de l'hiver qui nous est présenté cette fois-ci, donnant ainsi une série émouvante qui viendra réchauffer notre cœur lors des longues soirées d'hiver.
On ne parlera jamais assez des musiques de MAEDA Jun, comme toujours toute en finesse et en maîtrise, avec notamment de nombreux morceaux au synthé. Les génériques seront déconcertants à plusieurs égards en revanche. Si l'Opening très aérien "Last Regrets" interprété par la douce voix de Lia qu'on ne présente plus pourra laisser dubitatif malgré la superbe animation, il se dévoilera entièrement dans la version complète à laquelle je conseille vivement de jeter une oreille. L'Ending "Kaze no Tadoritsuku Basho" interprété par Ayana quant à lui, bien qu'assez rigolo dans ses images avec une Ayu qui parcourt les saisons, sera non seulement anticlimatique avec sa mélodie très enjouée mais surtout franchement oubliable de par sa mélodie J-pop très passe partout, peut-être la seule déception de cet OST qui fait un sans faute en dehors de ça. On notera d'ailleurs que la thématique de la "musique" se retrouvera fréquemment dans cette œuvre, déjà dans son nom "Kanon" (canon), mais aussi dans les titres de chaque épisode qui font référence à divers termes musicaux, bien qu'étrangement le thème de la musique en lui-même ne soit au final pas vraiment présent dans l'histoire.
Ainsi si l'anime fait plutôt un sans faute sur le plan technique (bien qu'il accuse quelque peu les années désormais), j'émets néanmoins quelques réserves sur le rythme et le message global. En effet, les adaptations des jeux de Key sont généralement assez marquantes, que ce soit non seulement pour la qualité de leur réalisation mais aussi pour leur mise en scène très soignée et leurs personnages travaillés. Cependant, si Kanon reste un anime qui se regarde avec plaisir, il est pour moi loin de laisser un souvenir aussi net qu'un CLANNAD ou un Air. La faute a des personnages assez peu originaux (la palme revenant à Yûichi qui n'est pas déplaisant mais totalement banal au possible) et à des backgrounds, il faut le dire, assez abracadabrants tout de même, venant parfois un peu casser l'émotion qu'ils sont censés transmettre. De plus, l'histoire liant Yûichi à Ayu est au final assez lambda et déjà vue dans d'autres oeuvres. Disons que ça fait le café mais ça reste au final assez peu recherché, comme un peu tout le reste quoi.
Une dernière précision également, si le jeu original se base sur la romance et contient des scènes +18, ce ne sera pas du tout le cas dans cette adaptation qui préfère se focaliser sur le développement de chacune des filles et qui est parfaitement adapté au grand public donc aucune crainte à avoir de ce côté-là.
Un anime doux et rêveur
Ainsi Kanon est encore une fois une adaptation réussie pour le jeu vidéo de Key. C'est un bon anime qui permet de s'évader le temps des 24 épisodes qui sauront nous toucher d'une manière douce et rêveuse. Néanmoins si il n'est pas avare en qualité et qu'il reste très agréable à regarder, il paraît difficile de le présenter comme un incontournable, notamment à cause des personnages et de leurs histoires qui, en dehors de la mise en scène comme toujours au top, se révéleront au final assez peu inventifs en global.
Un joli anime mais qui manque peut-être d'une réelle singularité pour être aussi marquant que ses confrères.