Mourir. v. Cesser d'exister, perdre la vie.
Est-ce douloureux, mourir ? Certainement. Mais pour qui surtout ? Soi-même ou ceux qui restent ? C'est à ces questions que le personnage principal de ce court drama doit répondre, sous le regard méprisant d'une Mort hybride, allégorie à la fois chrétienne et bouddhiste, gardienne d'un enfer qui semble presque correspondre à celui vu par sainte Lucie à Fátima. Et c'est cette vision terrifiante qui pousse Yi-Jae (dont le prénom est l'homophone de l'adverbe coréen signifiant à peu près dorénavant — d'ailleurs employé comme tel par pirouette non traduisible dans l'épisode 4) à accepter de mourir encore douze fois pour expier son crime, son péché, son suicide.
Et ces morts s'enchaînent, plus ou moins rapidement, mais elles s'enchaînent ; et elles permettent à plusieurs acteurs célèbres de briller également dans des scènes parfois cocasses, parfois répugnantes, parfois émouvantes. Car c'est ainsi qu'est construite la série : Yi-Jae habite successivement les corps de douze individus sur le point de mourir et fait son possible pour échapper à cette fatale finalité. Si ses premiers essais sont peu fructueux, il s'améliore peu à peu en survie, et alors le spectateur s'attache de plus en plus à ces personnages fugaces, il ressent de plus en plus la peine, la colère, le désespoir du héros (de l'anti-héros ?), ces émotions et sentiments qui l'ont conduit en haut d'un immeuble dans le premier épisode.
Et ces morts, si elles sont toujours plus frustrantes, créent surtout un réseau étonnant, la couronne sanguinolente d'un autre personnage, l'antagoniste, celui dont il faudrait ne pas parler pour ne rien gâcher, sur lequel je ne m'attarderai donc pas. Ce réseau est un puzzle qui s'assemble progressivement, d'abord au nez et à la barbe du spectateur passif, puis sous les yeux éblouis de celui qui réfléchit. Combien j'apprécie cela ! Je regrette même la présence de certaines analepses visuelles explicatives, qui révèlent ce qui avait été caché dans des scènes précédentes. Ne vous y trompez pas cependant : il n'y a pas de grand mystère à résoudre, de retournement de situation majeur, d'événement tout à fait inattendu (quoique...) ; mais l'ensemble est plaisant, quasi cathartique parfois, surtout intelligent dans la façon dont les épisodes, donc les personnages, se répondent.
Et ces morts appellent une réflexion sur la mort, principalement sur le fait de se la donner. À un drama sombre, un message clair.