Vision périphérique du Man in The High Castle

**UPDATE APRES SAISON 2 !!** (Ma critique original de la saison 1 se trouve à la suite).

La première saison de The Man In The High Castle m'avait laissé un sentiment assez mitigé. D'un côté la série montrait, entre autres, d'énormes qualités esthétiques, un univers cohérent et fascinant, une forte qualité d'intrigues politiques portées par des personnages captivants. De l'autre côté, la première saison était plombé par un rythme douloureux, une intrigue principal dont l'on peine à s'intéresser et à un trio de personnages principaux assez inintéressant et dont les scénaristes ont trouvé bon de nous infliger un ersatz de triangle amoureux un peu bancale.

Cependant, je finissait ma critique sur une note positive avec l'espoir d'une nette amélioration en vu. Et autant vous le dire d’emblée (vous avez vu la note), mes attentes n'étaient pas complètement vaines ni infondées.

Tout d'abord car cette saison a le bon goût de beaucoup plus s'articuler autour des deux clans de l'alliance. Notamment avec, comme espéré, un temps à l'image nettement supérieur pour les japonais Tagomi et le Chief Inspector Takeshi Kido, ainsi que pour l'Obergruppenführer Smith, dont les prestations d'acteurs sont toujours aussi saisissantes. Les personnages sont désormais plus approfondis, et leurs intrigues semblent devenir le centre de l'histoire. On pourrait presque considérer Jon Smith comme étant le protagoniste principal de cette saison. Les moments de tension sont plus nombreux et prenants, la série semble enfin se trouver et montre un rythme bien mieux maîtrisé qu’auparavant.

Autres gros point d'amélioration, si la présence à l'écran des personnages 'secondaires' mentionnés ci-dessus a augmenté, à l’inverse, celle des principaux personnages a, elle, réduit. De plus, cette saison a la bonne idée de les séparer complètement pour son plus grand bien. Pour leur bien également, mieux entourés ils en deviennent au passage plus intéressant. Une sorte de seconde naissance pour eux.

Côté visuel, pas grand chose à redire. C'est toujours beau, et peut être plus varié dans les couleurs. Certains plans sont vraiment somptueux et la photographie y est vraiment convaincante. La série arrive d'ailleurs à en être troublante lorsque la beauté visuelle de certaines séquences vient se superposer aux images du symbolisme Nazi ou de l'impérialisme Japonais forcément omniprésent ici. Mention spéciale à l’une des scènes finales à vous hérisser les poils.

Je finissait également ma précédente critique sur une note concernant la scène finale de la première saison suggérant l'arrivé du fantastique de façon plus prononcé dans la 2ème saison. Au final, l'incorporation se fait au compte goutte, petit à petit, laissant le temps aux différentes intrigues d'avancer à leur rythme.

Bref du net progrès qui vient du coup renforcer ma recommandation sur la première saison qui vaut d'autant plus le coup d'être vue maintenant qu'elle permet l'accès à cette seconde saison. En espérant une troisième saison dans la continuité.

8/10

**SAISON 1** (Critique originale)
Adaptation de l’excellent roman de Philip K. Dick, la nouvelle série phare d’Amazon débarque enfin. Dire que j’étais impatient est un euphémisme.

Pour ceux n’ayant pas eu la chance de lire le livre, l’histoire de The Man in The High Castle est une uchronie se situant dans les Etats Unis des années 60 alors que les forces Nazis et Japonaises ont remporté la guerre face aux alliés. Les USA sont ainsi divisées, la côte Ouest sous le contrôle de l’empire Japonais, la côte Est quand a elle sous le contrôle du régime Nazi. Ces deux territoires sont eux même séparés par une zone neutre. La série fait d’ailleurs un très bon travail pour visuellement retranscrire cet univers et insiste (peut-être un peu trop) sur les couleurs sombres pour bien nous faire comprendre la dureté d’un monde ou la résistance semble compter une poignée de personnes à peine.

Là où la série déçoit cependant, c’est sur son rythme et l’intérêt que l’on porte aux personnages principaux (il est bon de préciser que la série est une adaptation plutôt libre du roman, avec de nombreuses différences notamment aux niveaux des personnages). Le rythme de la série est très lent, ce qui en soit n’est pas un défaut, mais ici c’est vraiment la quête des personnages principaux qui manque de rythme et surtout d’intérêt. La série essaye de plus de forcer un vague triangle amoureux qui, couplé au manque d’attachement que l’on ressent envers les personnages, et en particulier l’horrible Juliana, fait perdre patience.

Heureusement pour la série, celle-ci est sauvée par son casting de personnages ‘secondaires’. Que ce soit l’Obergruppenführer John Smith (Rufus Sewell), l’agent double Rudolph Wegener (Carsten Norgaard), le Trade-minister Japonais Nobusuke Tagomi (Cary-Hiroyuki Tagawa) ou l’inspecteur chef Kido (Joel de la Fuente), tous sont superbement traités et interprétés, permettant de donner une grande ampleur aux conflits politiques naissant au sein de chaque empire, mais également entre eux. Les tensions montent, un coup d’Etat se prépare, certains essayent de déclencher une guerre pendant que d’autres essayent de l’empêcher. Clairement l’intérêt de cette première saison réside dans tout ce qui se passe autour de l’intrigue principal.

Bref une série pour le moment moyenne, mais que je recommande tout de même pour la grande qualité de ses intrigues secondaires et ses quelques fulgurances. Ceci plus le fait que le coté SF (Philip K. Dick oblige) commence à pointer son nez sur la fin de la saison (certes de façon peu subtile) me donne quand même bon espoir pour une suite un peu plus maîtrisée, surtout en terme de rythme, et d’évolution des personnages.
5/10