Spasmes de nostalgie compulsive.
Ce genre de dessin animé (je n'arriverais jamais à considérer ça comme une série), si on les regarde une nouvelle fois quinze ans après et qu'on leur met une aussi bonne note, c'est souvent à cause d'une saloperie de nostalgie compulsive qui tord les tripes et le cœur lorsqu'on y repense. C'est le cas des cités d'or ; un délire d'enfance dont la plupart se souviennent avec mélancolie. Mais, j'ai regardé ça de nouveau il y a quelques mois, et je ne trouve pas que ça ai vieillit tant que ça - un peu, inévitablement, mais bien moins que ce qu'on pourrait s'attendre.
Alors certes, les images et la réalisation n'ont pas la même qualité que ce que l'on peut faire aujourd'hui. Normal, les cités d'or ont trente ans. Enfin moi, ça ne me dérangeait pas le moins du monde, et ça ne me dérange pas plus aujourd'hui ; les images ne sont pas toujours très nettes, bien moins que les dessins animés que l'on diffuse maintenant, pourtant il y a quelque chose de plus manuel, de plus humain, de moins lisse dans ces dessins, qui, loin de les enlaidir, les enveloppe plus que ce qu'on voit aujourd'hui. Bon, après, c'est purement personnel. Mais rien que sur l'image j'aurais tendance à dire qu'il y a plus de profondeur que la sélection 2011...
Et puis, pour le reste. On peut reprocher dans le vent tout un tas de choses aux cités d'or : les personnages et l'histoire qui sont souvent manichéiste, des épisodes inutiles et parfois des rebondissements qui ne sont pas très terribles. Des personnages qui n'évoluent pas alors qu'ils devraient, quelques-uns qui agacent. Plusieurs scènes promptement ridicules (on notera l'attaque des requins détournés à coup de perche).
Contre une partie de cela, je peux opposer : oui, des épisodes qui sont inutiles (on comptera par exemple les dix derniers, et quelques-uns parmi les autres, qui servent de meubles incompréhensibles), quelques personnages un peu emmardants (Pedro et Sancho, ils vont bien cinq minutes), quelques scènes ridicules (les amazones, le requin encore). Pour autant, le reste est largement au niveau, et je dirais même bien meilleur que ce qui se fait aujourd'hui ; ça reste un dessin animé, avec pas mal de petits défauts, mais qui a aussi de bonnes qualités.
Les personnages ne sont pas si manichéistes pourtant, et il me semble que certains, sans le vouloir, s'approfondissent bien. A sept ans, je ne dépassais pas le '' Estaban Zia et Tao ce sont les gentils'' (heureusement d'ailleurs) mais à quinze, je crois que j'ai bien remarqué que les relations entre chacun sont bien plus complexes : beaucoup manipulent leurs proches, jusqu'à Esteban qui manipule les adultes (lorsqu'il utilise son cerveau, ce qui est plutôt rare), Mendosa, Zia qui manipule souvent sans le vouloir Esteban (Zia est bien la seule personnage que j'adorais avant et qui maintenant m'agace un peu, avec sa manière de se cacher, de se mettre un voile sensible sur le visage). Non, vraiment, les personnages sont peut-être agaçants et pas fouillés le mieux du monde, mais ils ont le mérite d'exister, de se différencier les uns des autres et d'avoir chacun leur caractère. En revanche, on peut assez facilement reprocher l'opposition trop virulente qui est faite entre le monde des enfants - purs, innocents, etc, alors que ce n'est pas le cas - et celui des adultes, qui est décrit comme n'étant que violence.
Donc, certainement pas une grande série, mais tout de même un bon dessin animé, avec ses gouts d'enfance, de matinées passées sur le canapé à regarder ces images. Des personnages attachants, des belles situations et inventions, une aventure qui, si elle n'est pas au comble de l'originalité, peut facilement réveiller un cœur endormit. A montrer à vos gosses avant qu'il ne soit trop tard.
Ah, et puis quand j'étais petite j'avais quand même voulu appeler mon deuxième chat Zia.