Dans la famille des séries dont on n'attendait rien, je demande Mixology. La série de ABC, annulée à la suite des upfronts (cette première et unique saison n'avait pas nécessairement besoin d'une suite cependant, même si on aurait presque espéré retrouver ces personnages ou de nouveaux "inconnus" d'ici un an), est un peu arrivée de nulle part. Promo quasi-inexistante, programmation à la mi-saison... Malgré cela on retrouve quelques noms connus du côté de l'écriture créative : à la réalisation du premier épisode, rien de moins que Larry Charles, scénariste mythique de Seinfeld. En tant que showrunners, le duo Jon Lucas - Scott Moore, qui étaient à la réalisation du récent 21 and Over, mais surtout connus pour avoir été les scénaristes de Very Bad Trip et Échange Standard. Du beau monde, et une bonne surprise.
C'est un peu un miracle en réalité, car le sujet était casse-gueule : traiter des flirts et des râteaux de dix inconnus lors d'une même soirée au sein d'un même bar, c'est ambitieux et potentiellement embarrassant. On se retrouve avec dix personnages au départ relativement plats mais qui dévoilent un minimum de profondeur au fil de la saison 1 - choisir de centrer certains épisodes sur deux ou trois de ceux-ci était par ailleurs une excellente idée et permet d'avoir un semblant d'unité diégétique sur vingt minutes, tout en gardant une forme narrative continue sur l'ensemble de la saison. Les acteurs sont excellents (avec au passage quelques vraies révélations qu'on espère revoir dans d'autres projets d'ici peu), et la voix off omniprésente n'est jamais envahissante.
Le registre d'humour de la série fonctionne à merveille - on est sur un network donc ce n'est pas trop vulgaire, et l'apport de Lucas & Moore sur certaines vannes se fait clairement sentir : on ne pas être vulgaires, certes, mais on a le droit d'être méchant. Appuyant énormément sur la caricature et le pastiche des romcoms habituelles, se permettant des petites satires sociales au coin d'un bar, on sait d'ailleurs presque dès la moitié de la saison qui va finir avec qui, mais c'est ce qui fait en quelque sorte le charme de Mixology : prise de tête inexistante, écriture réussie et énergique, personnages attachants. À un tel point qu'on en vient presque à espérer le happy end classique, mais qui rentre pourtant dans la lignée de l'humour ultra-positive et réjouissante de Mixolohy : l'humour est, certes, parfois méchant, mais n'est jamais blessant.
On pourra pleurer cette annulation, mais on ne pourra pas dire que cela entache de quelque façon que ce soit la réussite de Mixology. Drôle, euphorique, quelque part entre la comédie romantique et le feel-good movie, c'est certainement la meilleure nouvelle comédie de toute la saison pour un network (même s'il faut dire que la concurrence était plutôt basse). On ne peut que croiser les doigts désormais pour que les deux showrunners se voient confier un autre projet, désormais attendu au tournant.