1, c'est aussi le nombre d'épisodes que j'ai regardés

J'ai rarement vu un aussi mauvais pilote. Rien ne me convient dans cet épisode car tout dans cet épisode est absolument ridicule. La musique, les décors, les plans, les acteurs, les dialogues, l'histoire (qui ne faisait que se dessiner, pourtant, dans ce pilote) : tout est exagéré et m'a donné le rire. J'imagine bien d'autres spectateurs vomir face à ce trop-plein de tout, à la manière de ce pauvre policier face à cette scène de crime brouillon. C'est toute la mise en scène et toute l'esthétique qui sont à revoir. On peut regarder un film dont les aspects ont vieilli et nous semblent aujourd'hui ridicules, mais avec la saveur du passé, or cette série est tout ce qu'il y a de plus moderne, avec cette volonté, comme j'avais lu dans le synopsis présent sur SensCritique, de faire dans l'horreur, le fantastique et le psychosexuel. American Horror Story assumait complètement sa façon de filmer moderne, mais on se retrouve dans Penny Dreadful dans un mélange de mauvais Tim Burton, d'Adèle Blanc-Sec et de Twilight.

Autant dire que le ridicule y est. La fréquence élevée de faux-raccords m'a interrogé sur le fait que peut-être le ridicule était bien une volonté stylistique... idée que j'ai rapidement abandonnée pour me dire que les créateurs de la série essayaient de faire de leur mieux. Donc quitte à y aller fort, on peut dire qu'ils y sont allés fort. Pour nous rattacher au "fantastique psychosexuel", le sexe fait bien son entrée au bout de la septième minute, mais j'imagine encore que les auteurs ont dû se demander comment faire tenir les spectateurs jusqu'à cette scène absolument-pas du tout-cruciale.

La scène d'ouverture est donc un coup d'éclat dans l'horreur - et c'est bien le cas de le dire. Comme bien trop souvent dans les productions d'horreur contemporaines, la peur ne provient plus que du son. Ainsi, après pas loin de deux minutes de silence quasi total où j'ai dû monter le son pas loin du maximum pour entendre la respiration et les pas de la mère qui marchait sur son plancher grinçant pour me rassurer que le son de mon moniteur marchait bien, ce moment tant attendu d'effroi est arrivé. On s'attend à la petite frayeur, mais celle-ci ne repose que sur un son très brusque, soudain, et beaucoup plus fort que tout ce qui le précédait. Évidemment, la puissance sonore fait vibrer le cœur, et on pense avoir peur. Or, ce qui était censé me faire sursauter était... un coup d'éclat de vitre, par lequel certes passait la mère qu'on suivait depuis le début, de la chambre de sa fille jusqu'aux toilettes (trop trash). Sans conteste effrayant, j'en ferai de pires cauchemars qu'après Shining.

Bien heureusement la série ne s'arrête pas là, et on passe rapidement au générique, basique. Et enfin, on entre dans le vif de la série, avec la présentation des personnages principaux, qui jouent aussi mal les uns que les autres. C'est pourtant dommage, le casting avait été l'un des arguments qui me persuadèrent de regarder le pilote de Penny Dreadful. Malheureusement, les personnages n'ont qu'une façade, et les plans, ou plus globalement la mise en scène générale desservent plutôt le jeu des acteurs, qui m'a semblé, comme vous vous en doutez, exagéré. Je reconnais avoir beaucoup fait référence dans les lignes précédentes à l'idée d'exagération, mais laissez-moi donc vous énumérer les différents éléments que j'ai relevés en vingt-cinq minutes, soit la moitié de l'épisode, censés constituer un nerf à l'histoire : démon, Christ, vampires, Chinois, Égyptiens, créatures inconnues qui parlent une langue aux sonorités orientales, caves, égouts, laboratoires chirurgicaux improvisés, enquête criminelle, chercheur fou, Jack l'Éventreur, Frankenstein. C'est vrai que le challenge est relevé : je vois mal comment faire une histoire sérieuse, qui tienne la route et qui soit traitée assez profondément (c'est-à-dire non-superficiellement) pour la rendre intéressante avec tant d'éléments, surtout quand on veut faire un montage horreur-fantastique-psychosexuel.

Les qualités de réalisation ne sont pas là : les plans sont bêtes, on a le droit à des zooms et dézooms tous les deux plans, des caméras qui tournent n'importe comment, des faux-raccords, des couleurs dans tous les sens et dans toutes les teintes, etc. En somme, à vouloir trop faire, on se casse la figure. Quitte à faire une série d'horreur, autant qu'elle se concentre sur des aspects plus précis et qu'elle soit bien traitée plutôt que d'essayer de satisfaire absolument tout le monde en en faisant un fourre-tout incohérent.
TotorBaron
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le 9 juin 2014

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