Un "Penny Dreadful" est un genre littéraire datant du XIX° siècle correspondant à de petites histoires macabres (dreadful) vendues au prix de 1 penny au Royaume-Uni. Sur cette base, John Logan nous raconte une histoire d'horreur en 8 épisodes, sa version du "penny dreadful" qu'il situe lui aussi à l'époque victorienne, juste après les meurtres attribués à Jack l'éventreur.
De commun aux "penny dreadful", la série conserve donc son caractère fantastique et horrifique. Toutefois, alors que les "penny dreadful" correspondaient sans doute davantage à de la "petite littérature" accessible, la série décide de rendre hommage à certains des plus grands succès littéraires (gothiques, pourrait-on dire) du XIX° siècle :
Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, Dracula de Bram Stocker, Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde
A partir de là, Penny Dreadful est un hommage intelligent, subtil et constant aux plus grands monstres de la littérature et du cinéma et le parallèle avec les classiques d'Universal est indiscutable
(Frankenstein, La Momie, Le Loup-Garou, Dracula)
Au delà de l'aspect honorifique au cinéma de genre et à la littérature gothique, John Logan nous livre un scénario intrigant magnifiquement interprété par des acteurs maitrisant leurs personnages à la perfection et au jeu impeccable. Quel spectateur n'aura pas frissonné devant Eva Green au cours de la fameuse séance de l'épisode 2 ? Ainsi, certains acteurs iront même jusqu'à s’approprier des accents qui ne sont pas les leurs pour le besoin de leur personnage (Billie Piper).
Là où l'épisode pilote y allait un peu fort pour le besoin récurent d’accrocher le spectateur, le reste de la saison 1 sait équilibrer son rythme entre des épisodes forts en tension et en action (Seance, Possession) et d'autres plus posés permettant de saisir les implications du scénario et les profondeurs psychologiques des personnages (Demimonde, Closer than sisters). Chaque épisode regorge de références à la philosophie, la musique, la peinture, le théâtre, bref, l'art en général et nous instruit également sur la société victorienne, la colonisation et la médecine de l'époque.
Il est par exemple tout à fait succulent de faire citer L'Adonaïs de Percy Bysshe Shelley au personnage de Victor Frankenstein, qui est lui même créé par la femme de ce dernier, Mary Shelley.
La richesse et la densité de la série sont à la fois sa force et sa faiblesse. Elle parlera sans problème aux habitués du genre mais sera plus obscure à ceux qui découvriront les personnages, non pas au travers des romans qui leur ont donné le jour mais au travers de la série. Aussi, à vouloir trop en raconter, certaines histoires pâtissent de l'importance des autres.
Ainsi, pour cette première saison, la créature de Frankenstein sera plus encombrante qu’intéressante, tendance qui, je l'espère sera tout autre pour la seconde saison.
Pour conclure, je conseille vivement à tout le monde de se plonger dans l'univers artistique de Penny Dreadful. Maintenant que la saison 1 est terminée et renouvelée pour une seconde saison, j'espère que cette dernière sera à la hauteur, aussi bien du point de vue de l'intrigue principale qu'au niveau du développement de nombreux personnages qui restent toujours très mystérieux
(Dorian Gray, bien qu'il soit moins mystérieux lorsqu'on connait le roman, ou encore Ethan Chandler ou Sembene).