J'ai envie d'être indulgent avec cette série française très inégale, mais dont les auteurs Hervé Hadmar et Marc Herpoux ont le mérite de proposer un projet original, audacieux et sincère.
Pour leur premier travail en commun à la télévision (qui sera suivi de nombreux autres, à l'image de "Les oubliées", "Les témoins", ou encore "Au-delà des murs"), les deux compères se sont en effet plongés durant environ 6 mois dans le quotidien de Pigalle, le temps de la phase d'écriture, ce qui confère à "Pigalle, la nuit" un surcroît d'authenticité très appréciable (de même que le tournage en décors naturels, au milieu des passants).
Cette authenticité trouve son incarnation dans le personnage de Simon Abkarian, un patron de sex-shop à l'ancienne, paternaliste et magouilleur, véritable âme de la série, grâce notamment au charisme de son interprète.
Pourtant, on n'échappera pas à certains choix narratifs artificiels, à certains dialogues ou situations un peu factices (propres à la fiction TV - française qui plus est...), mais globalement on se sent immergé au sein de Pigalle, au même titre que le héros (incroyablement antipathique) incarné par Jalil Lespert, un financier de la City contraint d'infiltrer le quartier à la recherche de sa sœur disparue.
Malgré quelques fautes de goût, le casting se révèle convaincant, à l'image des nombreux seconds voire troisièmes rôles qui peuplent le quartier : on citera pêle-mêle Sara Martins en strip-teaseuse indépendante, Catherine Mouchet en petite commerçante, Eric Ruf en patron de boîte rival, Lin-Dan Pham en pharmacienne-chimiste, ou encore Yasmine Belmadi en petite frappe (l'acteur est décédé accidentellement peu après le tournage).
Sans oublier le saxophoniste américain Archie Shepp, ni la pléiade de jolies filles sexy que l'on croise sur la scène des clubs ou sur le boulevard (Pom Klementieff, Clio Baran..).
"Pigalle, la nuit" constitue donc plutôt une réussite parmi les créations originales Canal + : si le scénario n'a rien de transcendant, l'atmosphère se révèle très réussie, et le format choisi s'avère pertinent (8 fois 52 minutes), offrant à la série un rythme adéquat dénué de véritables longueurs.
D'ailleurs, si l'on peut regretter l'imbroglio autour de la saison 2 (prévue et commandée par la chaîne cryptée, avant une volte-face après plusieurs mois d'écriture), il me semble que "Pigalle, la nuit" fonctionne bien en tant que mini-série unitaire, et qu'une suite ne s'imposait pas.