Adapter les romans graphiques, voire les univers romanesques, de Neil Gaiman n’est jamais chose aisée. Les réussites (les séries Lucifer et American Gods, ou le film Stardust) côtoient les catastrophes (le film Les Eternels) et les projets compliqués (la série Good Omens). S’attaquer à Sandman n’était donc pas une mince affaire. Le scénario des dix épisodes de cette série en apporte une preuve flagrante.
Le pilote nous présente Rêve, l’un des Infinis, capturé durant une centaine d’années par un sorcier. Ce premier épisode marque une intrigue à lui seul. Par la suite, il parvient à s’échapper et doit récupérer les trois symboles de son pouvoir qui lui ont été dérobés avant de s’attaquer à la reconstruction de son royaume dévasté. Dans la dernière partie de cette saison, il fait face à un Vortex capable d’anéantir l’univers tout entier.
Malgré ces nombreuses intrigues, auxquelles sont liées d’autres, secondaires, la série se suit avec intérêt, notamment grâce à l’étrange charisme de Tom Sturridge qui incarne Rêve et à la présence de Matthew, son corbeau à l’esprit ironique et critique. La multiplication des intrigues amène un nombre important de rôles secondaires, que ce soit Mort et Désir, deux autres infinis, Lucifer Morningstar, ou encore le Vortex et le psychopathe appelé le Corinthien.
Les péripéties se multiplient, dans un savant mélange de poésie, d’émotions, de violence et d’introspection. Les décors du pays des rêves sont réussis et les reconstitutions de certaines époques passent correctement, même si l’incarnation de Mort au Moyen Âge ne semble déranger personne alors qu’elle est noire. Certains épisodes sont particulièrement réussis, comme le 3 qui voit intervenir Johanna Constantine ou le 6 durant lequel Rêve accompagne Mort pendant son travail. D’autres sont plus convenus, comme la partie mettant en scène le Vortex qui n’est sans doute pas la plus réussie, même si le congrès des collectionneurs est une petite pépite.
Autre petit regret, l’incarnation de Lucifer Morningstar par Gwendoline Christie (Game Of Thrones et Star Wars, finalement bien trop fade) alors qu’on aurait aimé revoir Tom Ellis dans ce rôle qui lui va comme un gant. Quelques pistes sont ouvertes pour une deuxième saison, notamment grâce à l’antagonisme existant entre Rêve et Désir, interprété par Mason Alexander Park, ce qui correspond parfaitement au personnage trans de la série graphique.
Sandman est une vraie réussite qui laisse espérer des suites passionnantes.