Saison 1 & 2 : Un Dynastie haut de gamme, cinglant et cynique.
Ce piano, ces violons... La saison 2 bastonne la première qui était déjà high level.
Chaque épisodes est une claque, un jeu de massacre familial Shakespearien aux dialogues féroces et jubilatoires. Soprano, Wire, Six feet, vous avez un copain chez HBO
Saison 3 :La guerre des Roy est déclarée ! Plus shakespearienne que jamais, la meilleure série actuelle parvient à maintenir sur la durée l’exceptionnelle qualité de sa saison 2. Une fois le choc du précédent final digéré, on retrouve les jeux d'alliance, les trahisons et mesquineries sur fond de menace de procès et de fusion. On assiste avec délectation aux petits arrangements et aux bassesses mis en œuvre pour garder la face, on savoure les regards en coin, les coups larvés.
Plus que jamais, les personnages ont du mal à camoufler leur vulnérabilité. Un roi sur le déclin, trahi par un corps fatigué et défaillant (Brian Cox, impérial). Des enfants qui jouent aux puissants tout en souffrant du syndrome de l’imposteur et malmenés par le vice de leur patriarche.
Ils sont si seuls, si tristes, si pathétiques, mais ne font rien pour qu’on les plaigne vraiment. Soulignons une nouvelle fois les performances magistrales de acteurs composant cette fratrie dysfonctionnelle (avec une tendresse particulière pour la manière dont Kieran Culkin s’empare du langage fleuri de Roman Roy). On est toujours autant envoutés par les variations opératiques de son thème musical, scotchés par l’élégance et le luxe des décors qui jure avec le langage de charretier employé par les personnages.
Cette saison 3 mijote doucement, les ingrédients sont ajoutés progressivement pour exploser dans un final exceptionnel de cruauté. Quelle grande série.
Saison 4 : L'une des meilleures séries des dix dernières années s'achève en apothéose (pouvait-il en être autrement ?). Si le langage mediatico-financier et les manœuvres politiques sont toujours aussi opaques, l’intérêt de la série est ailleurs. Dans la finesse et la célérité des dialogues, dans l’impressionnante précisions des interactions entre ces népo-milliardaires, dans sa réalisation en mode quasi-documentaire qui ne rate aucune émotion, aucune intention d’un casting sensationnel (et je pèse mes mots). La série a au fil des épisodes construit sa propre grammaire, sa singulière véracité. Sa griffe. Et cette musique, baroque, opératique, signature essentielle du show.
Drame familial shakespearien dans lequel les alliances se construisent toujours autour d’un équilibre précaire entre intérêts personnels et affection fraternelle (toujours relative), Succession offre un final à la hauteur de se réputation, regorgeant de moments dantesques dont un épisode 3 monumental, déjà culte, un épisode 7 en surtension et une conclusion en apnée.
Elle a d’ores et déjà rejoint le cercle restreint des séries indispensables.