Pot pourri confectionné par Amazon Prime en piochant dans ce qui s'est fait ailleurs dernièrement, Tales from the Loop emprunte à Black Mirror ses prétextes pétés pour mettre des personnages dans des situations ubuesques, en perdant les questionnements suscités par la série de Brooker. Elle prend à Castle Rock son format faussement anthologique sans le plaisir coupable du fan-service et des easter-eggs kingiens, et à The Leftovers son agaçante thématique "Variations sur le thème du pleurnichement" tout en laissant de côté sa qualité d'écriture.
Et vu le pitch ça aurait pu être Stranger Things en bien.
La plupart des épisodes sont d'un inintérêt confondant, ils accumulent les poncifs scénaristiques (certains mini-twists sont gênants tellement on les voit venir plusieurs minutes à l'avance) et reprennent des concepts SF déjà vus ailleurs, auxquels l'univers créé par Stalenhag n'apporte rien.
On cherche d'ailleurs l'intérêt d'avoir utilisé cette licence pour se contenter de poser régulièrement dans un coin du cadre une des machines dessinées par le génial suédois, sans que leur présence n'ait d'impact tangible sur le monde qui est dépeint.
Les personnages de Tales From the Loop ont la même vie que nous dans les années 80 et les excroissances qui défigurent leurs paysages et leurs bâtiments semblent n'avoir aucune utilité fonctionnelle qui façonnerait leur quotidien. Celles qui fonctionnent ne servent à rien (OK je vous accorde le robot qui déplace des trucs lourds), celles au rebut provoquent des incidents ponctuels que subit une population inexplicablement résignée.
Pour que l'empathie fonctionne on aurait pourtant besoin d'une contrepartie, qu'est-ce que le Loop leur apporte qui vaut le coup de subir tous ces malheurs ?
Le dernier épisode synthétise tous ces problèmes. Il confine au non-sens narratif en suivant pendant ses deux premiers tiers un petit garçon à la recherche de son grand frère perdu, avant de basculer sur tout à fait autre chose par un truchement gratuit :
quand le petit garçon rentre à la maison on réalise qu'il s'est écoulé une journée pour lui, mais 15 ans pour le reste du monde.
Ce qui en découle est alors passé en revue en quatrième vitesse :
on nous déroule en quelques minutes un flashback de ces 15 ans écoulés du point de vue de sa maman.
L'implication émotionnelle est inexistante, on n'a pas eu le temps de s'attacher à ses sentiments à elle.
En recollant les morceaux avec le reste de la saison on réalise que la conclusion du premier épisode
(une version plus jeune d'elle même lui demandait de s'occuper davantage de ses enfants)
ne lui a été d'aucune utilité
puisqu'elle les a perdu juste après
. On mesure à quel point sa vie à été gâchée par le Loop dont elle est la responsable, sans que jamais on n'explique son attachement à ce rôle, on ne nous donne une idée des raisons qui la poussent à continuer, au lieu de fermer ce labo de l'enfer.
La série s'est mis en tête de nous balancer tristesse, résignation et mélancolie à la tronche parce que ça avait bien marché pour The Leftovers. Elle le fait sans se poser de question et ne parvient qu'à nous ennuyer.
Mon seul espoir pour la suite : que la décision de fermer le Loop soit prise au début d'une éventuelle saison 2 basée sur Things from the Flood, autre série de peintures par Simon Stalenhag qui illustre ce qui se passe quand le complexe laissé à l'abandon laisse échapper une foultitude de créatures dégueu. S'il y a plein de créatures dégueus je peux supporter de regarder des mecs qui se complaisent à subir sans broncher.