De la science-fiction, on en mange de partout maintenant. Des blockbusters aux dernières séries à la mode, les réalités alternatives ou les futures un peu biscornus font désormais partie de l'imaginaire commun. Personnellement j'aime bien ça. Il faut dire que voir des robots qui se tabassent entre eux ou des futurs tellement dégueulasses que la tapisserie dans la cuisine à mémé passerait pour du bon goût , ça fait toujours son effet.
Néanmoins, je trouve que les meilleures œuvres de science-fiction sont celles qui se servent de ses codes uniquement comme d'un prétexte pour accentuer tout le reste. Raconter une histoire pas si loin du réel, proche de ses personnages avec un simple twist du scénariste qui à un moment s'est dit "Et si dans mon histoire, ce truc là existait". Black Mirror le fait très bien dans la plupart de ses épisodes, en se focalisant sur des protagonistes en confrontation avec une avancée sociétale ou technologique (Et si on avait un caméscope dans l’œil. Et si la conscience humaine pouvait être numérisée...). C'est loin d'être la seule oeuvre à faire ça mais elle a le mérite de faire un bon point de référence mainstream pour ce qui va suivre.
Parce que Tales From The Loop s'inscrit totalement dans cet ADN là. A travers ces huit épisodes, on va suivre la vie, et les destins croisés, de plusieurs habitant d'une petite ville. Chacun de ses habitants va être confronté a des événements étranges, provoqués par une entité appelée "The Loop". "The Loop" a permis d'énormes avancées scientifiques, mais aussi l’apparition de nombreux phénomènes dans la ville, que ce soit à travers l'apparition de machines physiques ou de choses plus éthérées.
C'est cette esthétique de l'irréel qui marque tout de suite dans la série. Les dessins de Simon Stålenhag prennent vie et fonctionnent à merveille pour créer un environnement plus que crédible. Un monde qui, par des détails subtils, dépeint une magnifique réalité alternative. Esthétisme d'ailleurs mis en avant par une cinématographie de haute volée ou chaque plan dure. Ce qui entraîne un rythme lent, mais jamais chiant. Tout est raconté en prenant son temps, permettant ainsi de mieux s’imprégner du propos. Le temps est d'ailleurs au centre de la série ("The Loop", c'est pas pour rien hein), chacun des personnages le subissant à sa manière. Autant dire que la mélancolie n'est jamais très loin et ça fonctionne à plein ballons.
Mais ce qui marche le mieux, c'est aussi que les éléments de science-fiction, paranormaux ou autres ne sont jamais au centre du récit et servent avant tout les personnages, à raconter leurs histoires, à les développer et à s'attacher à eux. Alors bien sûr, tout n'est pas parfait pour autant. Un ou deux épisodes sont clairement en dessous. Mais on se laisse quand même happer. La série arrivant toujours à aller chercher la corde sensible et à toucher bien fort là où ça fait mal. Les épisodes marchant le mieux étant ceux focalisés sur le personnage de Rebecca Hall ainsi que sa famille. Parce que les acteurs et la cohérence de tous les événements qui sont liés à eux font mouche.
Il y aurait plein d'autres choses à dire. Mais là on passerait dans l'analyse chiante d'épisodes. C'est pas le but et ça serait gâcher la surprise. Je pense donc que je vais en rester là dans l'espoir que ces quelques lignes vous aient rendu un minimum curieux à défaut de vous avoir convaincu. On pourra toujours en débattre en commentaire. Après tout, et comme il est dit en début de série : "We are all connected to the loop...".