James et Alyssa se sont bien trouvés: lui a des tendances antisociales et psychopathes, elle est impulsive, explosive, et presque borderline. Ils forment une paire dysfonctionnelle, dangereuse et pathologique.
La série, incroyablement maîtrisée, plonge le spectateur dans un univers stylisé et élégant. La mise en scène et la bande son, qui accompagnent les sombres pensées des protagonistes, enrobent la noirceur du propos d'un doux cynisme, presque réconfortant. Rien ne semble grave, dans leur monde tellement torturé qu'il ne peut pas devenir vraiment pire.
La narration nous permet de comprendre les adolescents, d'avoir de l'empathie et de la tendresse pour eux. D'espérer qu'ils s'en sortent, malgré l'égoïsme et la destructivité de leurs actes.
Alyssa et James ne sont que deux personnes perdues, abandonnées, livrées à elle-mêmes, et dont les actes semblent proportionnés lorsque l'on comprend d'où ils viennent.
C'est en cela que réside la véritable force de The End of the Fucking World: portés par deux acteurs phénoménaux, les personnages deviennent familiers et attachants. Alors que la série aurait pu tomber dans les écueils habituels et dans un sentiment de déjà-vu (Dexter et Bonnie & Clyde étant manifestement des inspirations), elle reste originale et addictive.
On retrouve presque sa propre adolescence devant cette série. On se remémore la dramatisation des émotions, le sentiment vertigineux de mélancolie, la terreur ressentie face à la maturation, et surtout, la solitude étouffante.
A regarder d'une traite si possible, comme un film de deux heures et demie. Si l'on aime l'humour noir, le décalage britannique, et les thèmes sombres apparentés au thriller psychologique. Le tout saupoudré d'innocence absurde et de nostalgie étrangère.