Entre drame et polar, "The victim" s'inspire très librement de l'affaire James Bulger : le meurtre sauvage d'un enfant de 2 ans par deux adolescents âgés d'à peine 10 ans, qui avait marqué durablement l'opinion publique britannique en 1993, d'autant que les meurtriers avaient bénéficié d'une nouvelle identité lorsqu'ils furent libérés à leur majorité.
Comme l'indique son titre ambivalent, la série questionne la notion de victime : qui est-elle dans cette affaire complexe, où victimes et bourreaux ont tendance à se confondre?
Où commencent et s'arrêtent les droits de la victime? Quel est le rôle du procès? Quelles sont les limites de la réponse judiciaire aux yeux d'une victime?
Héroïne de la série, la mère de l'enfant (Kelly MacDonald), persuadée d'avoir retrouvé la trace du meurtrier de son fils, se retrouve suspectée d'avoir commandité son agression.
On s'interroge en parallèle sur la véritable identité de l'assassin, parmi différents personnages qui pourraient correspondre à son profil, dans l'entourage de la mère comme dans celui de l'homme agressé (James Harkness).
Jonglant entre plusieurs lignes temporelles, le récit pourra sembler complexe de prime abord, mais le montage habile permet de s'y retrouver sans trop de problèmes.
"The victim" bénéficie d'un format adapté à son propos, suffisamment concis pour ne jamais ennuyer (4 épisodes), et assez dense pour susciter un intérêt constant, avec quelques pics de tension mémorables (le twist en début d'épisode 4, le face à face final).
Parmi les défauts de la série, on relèvera le peu d'intérêt du troisième protagoniste, un flic mal vu de sa hiérarchie (John Hannah), qui prend fait et cause contre la mère. Preuve de sa relative inutilité, ce personnage disparaît progressivement de l'intrigue, en particulier lors de l'ultime épisode.
Les auteurs se heurtent en outre à la difficulté de mêler des éléments tragiques et des aspects de pur divertissement : on pourra se sentir un peu mal à l'aise lorsque la série entretient un suspense assez malsain lors de certains passages particulièrement dramatiques.