La première chose qui ressort de cette extraordinaire Série TV, c’est qu’à la Nouvelle-Orléans, on ne badine pas avec la musique. C’est important, ça génère des passions, ça canalise des colères et ça unit des gens de tous horizons.
Dans les mains d’une personne comme David Simon, tout script prend naturellement une teneur supérieure. En fin analyste de la société américaine, il parvient avec Treme, et ce à peine le premier épisode passé, à imposer toute une palette de personnages d’une grande profondeur, avec toujours ce souci d’authenticité qui fît toute la puissance de ce grand récit Brechtien sur les maux de la société des Etats-Unis que fut The Wire.
Dans Treme, cette finesse d’écriture parvient non seulement à anoblir toute la mise en scène d’une scénographie du quotidien, des petits riens aux grands maux, avec toute cette singularité qui nous fait obligatoirement nous attacher à tout ce beau monde. Ces grands personnages incarnés dans ces petites personnes, ces gens avec leur sensibilité, leurs passions, leur courage, leurs défis mais aussi leurs non-dits, leurs amourettes et leur dédain pour les sphères du haut qui les laissent crever. Peu importe, il y a la solidarité, l’entre-aide, et quelques grands chefs implacables pour coller des baffes à ce système dégueulasse. Mais aussi ce chemin musical qu’ils prennent tous ensemble. Des trompettes cuivrées aux casseroles en passant par des violons sensuels virtuoses dans les mains de quelques beautés sculpturales so lovely...
Avec un casting de tout premier plan et une réalisation visant toujours juste, on pourra noter malgré tout une seule petite erreur de timing faute de goût
la disparition trop prématurée de l’immense John Goodman qui aurait sans souci effacé l’inutile personnage interprété par Jon Seda, et que l’on regrette vivement.
Cet unique petit bémol n’obnubile jamais la puissance évocatrice de cette œuvre majeure, ce chef d’œuvre de finesse et de virtuosité.