Angleterre. De nos jours. Stupeur et émoi pour 5 membres d’une Fandom : le manuscrit inédit du deuxième tome de la bande dessinée, Utopia, qu’ils vénèrent vient d’être découvert. L’un d’entre eux le détient et décide de le partager avec quatre autres membres du forum. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils viennent juste de mettre le doigt dans un engrenage dont ils ne ressortiront pas indemnes. En effet, ce manuscrit est également convoité par une mystérieuse agence “The Network” bien décidée à mettre la main dessus quelques en soient les moyens. Ils se retrouvent alors pris en chasse par un duo de tueurs assez barbares et donc, forcés de fuir et de renoncer à leur vie telle qu’ils la connaissaient.
A priori, rien de vraiment nouveau sous le soleil, on retrouve-là une trame assez classique : un groupe de MonsieursetMadamestoutlemonde qui se retrouvent malgré eux mêlé à une histoire de complot dont les tenants et les aboutissants les dépassent mais qui vont devoir être parties prenantes. Évidemment, les faux-semblants sont aussi de la partie, ainsi que leur petite copine Paranoïa. Sans développer, je peux quand même vous dire que la question philosophique au cœur de la série n’est, également, pas très originale : doing the bad for the greater good. C’est une thématique assez à la mode, lancée par 24 puis repris depuis par House of Cards ou toutes les séries catastrophes (COUCOU les potos de the Walking Dead.)
Bon. Ok. C’cool, pensez-vous. (oui j’aime bien parler à votre place). Mais bon pourquoi regarder alors????!!!!
Parce que.
J’ai des supers goûts et je suis de super conseil.
et plus sérieusement, parce que si les thématiques sont du déjà-vu, leur traitement est original et particulièrement léché. (Quoi, vous vous en doutiez?)
En effet, Utopia est avant tout un très bel objet très très abouti tant au niveau visuel que sonore. Il ne s’agit pas de coquetterie esthétique mais bien d’éléments ayant un rôle ou, du moins, participant activement à la construction du récit. Je m’explique. La mise en scène est assez atypique : tournée en caméra grand angle comme pour le cinéma, cela donne de magnifiques plans qui ne sont pas sans rappeler des cases de BD mais aussi qui exacerbe l’isolation de notre petit groupe. L’ensemble est également volontairement très graphique, très travaillé toujours dans une sorte d’hommage aux comics. Cela se traduit par des couleurs saturées (oui ce n’est pas votre télé (ahah télé… qu’est ce que je raconte moi?…) qui débloque), donnant un ensemble très Pop, très joyeux. Légèreté accentuée par une musique très entrainante et sautillante (perso je me passe la musique du générique en boucle quand j’ai besoin de me booster le matin !). Mais. MAIS, cette légèreté assumée et visible est là pour contraster avec la violence générale de la série. En effet, si vous êtes une âme sensible peut-être que cette série n’est pas faite pour vous. Les scénaristes ne se sont encombrés d’aucune limite et cela donne parfois des scènes assez insoutenables. Toutefois, il ne s’agit pas d’une violence purement gratuite et spectaculaire. Elle vient soutenir le propos de la série qui est vraiment dérangeant car d’actualité (comment va-t-on faire quand on aura atteint les limites de la Terre?), l’idée d’un mal pour un bien. Bon, après les scénaristes sont malins et ménagent aussi nos sensibilités : les scènes de violence sont contre-balancées habilement par des scènes quotidiennes, où tout est très normal. Véritables bulles d’oxygène.
Comme vous l’aurez sans doute déjà compris cette série est dérangeante par son message : tout est fait pour nous faire douter mais aussi nous secouer, nous prendre à partie.On sort de là assez ébranlé. Enfin, perso, j’étais vraiment secouée et j’y repense très très souvent. C’est super réaliste car la violence est très crue et comme je le disais beaucoup de scènes reproduisent de façon très naturalistes le quotidien. De plus, les personnages sont volontairement des gens “normaux” (dans leurs métiers, apparences…) donc l’identification est très facile.
On pourrait également dire qu’il s’agit d’un cauchemar. Rien que le générique dénote de cette volonté de montrer à l’écran la pure horreur d’un cauchemar : le lapin qui danse sur une petite musique étrange qui est en fait composée de sons de souffrance, de voix…. Et puis, toutes les pires terreurs y passent : la course poursuite sans fin, le massacre d’enfants, le complot, la torture….
Alors là, je vous sens perplexe… Why god why??? Pourquoi s’infliger ça ? surtout en ce moment…. parce que c’est super bien fait, que le propos est mine de rien très sérieux et c’est juste captivant. Difficile de s’arrêter quand on a commencé.
Je ne dirais pas que je la re-regarderais là tout de suite mais j’ai vraiment apprécié la complexité de l’intrigue, le soin apporté à tous les détails.