Assurément cette série porte la patte de Cherry. Y a pas à en douter une seule seconde.
Déjà dans les couleurs, les décors, l'ambiance d'un milieu banlieusard aisé avec ses autochtones délicieusement typés. Ensuite dans le thème récurrent des femmes à problèmes mais toujours fortes et entreprenantes. Puis dans le scénario aux événements et rebondissements toujours bien amenés. Sans oublier cette musique guillerette. Et enfin ce montage proche de la perfection.
Le fait de narrer en parallèle trois histoires sur trois différentes décennies peut vite se révéler casse gueule, confus ou lourd. Mais ici le montage astucieux, cette alternance équilibrée et servant la narration au point de faire se rejoindre dans le dernier épisode trois lignes temporelles que l'on pensait indépendantes, est un bijou du genre. Du travail d'orfèvre qui semble couler de source.
C'est donc un plaisir de regarder tous ces excellents acteurs se donner la réplique, avec en tête une Lucy Liu géniale en riche égocentrique exubérante, son homo de mari génial en dandy droit dans ses bottes jusqu'au bout, une Ginnifer Goodwin géniale en bonne femme au foyer des sixties soumise candide en apparence, une Alexandra Daddario géniale en bisexuelle bombesque vénale mentalement instable, ou un Reid Scott génial en scénariste toxico un peu paumé. Et une pléthore d'autres persos plus ou moins secondaires qui complètent un casting de haut vol.
Je me suis régalé à suivre chaque tronçon du scenar global, chacun avec sa belle reconstitution de l'époque, ses questions de société propres (la place de la femme des 60s, la perception du sida à ses débuts, la place prépondérante du fric de nos jours), son histoire propre, faisant écho aux deux autres.
Avec en point d'orgue ce final dantesque au son d'un tango dramatique, reliant tous les fils en un noeud liant ces trois destinés.
Une saison au bon format, quasi parfaite sur la forme et très intéressante sur le fond, qui se suffit à elle même, je ne vois pas ce qu'apporterait une suite, la surprise n'étant plus de la partie, les acteurs non plus.