Avec la saison 2 fraîchement diffusée, je n'avais plus d'excuses quant à découvrir la nouvelle création de Marc Cherry, le papa de Desperate Housewives et Devious Maids, deux séries cultes satiriques qu'on ne présente plus !
Et je n'ai absolument pas été déçue ! Why Women Kill possède une originalité manifeste dans sa forme, bien qu'elle reprenne des thématiques largement éclusées dans les séries du créateur nommées ci-dessus, même si au final le traitement s'avère différent et pertinent. En effet, nous sommes ici dans une anthologie où chaque saison sera indépendante et proposera une intrigue et des personnages renouvelés. Certes, on restera malgré tout dans le thème de la ménagère/femme au foyer qui, après une trahison de son mari, en viendra au meurtre, par des moyens surprenants !
Cette série est beaucoup plus sombre et noire que ce à quoi Marc Cherry nous avait habitué. Si on retrouve des "desperate housewives" esseulées et malmenées dans des banlieues chics américaines, l'humour noir et la satire sociale sont bien plus appuyés. C'est grinçant, acerbe, acide, détonant, déjanté, percutant, drôle, tantôt révoltant et émouvant... Le rêve américain prend un sacré coup dans la tronche et il l'a bien cherché ! Le propos est résolument féministe et moderne, un cri du coeur en faveur de l'émancipation des femmes mais une réflexion très corrosive sur le bien & le mal qui se confondent bien trop souvent, quitte à nous faire ressentir un certain malaise (surtout en saison 2).
Deux saisons donc différentes.
Dans la 1ère, on suit 3 femmes sur 3 époques différentes. 3 parcours en apparence indépendants mais qui sont réunis par un fil rouge, à savoir une maison que nos 3 héroïnes vont occuper. En 1963, on suit Beth Ann, femme au foyer modèle soumise à son (connard de) mari qui va découvrir que ce dernier la trompe avec une serveuse. Elle décide de se venger avec une certaine originalité ! En 1983, on retrouve Simone, une mondaine excentrique qui découvrir, lors d'une soirée pailletée, que son troisième mari est gay et se sert d'elle pour cacher son homosexualité (sujet tabou à cette époque marquée par l'émergence du SIDA). Elle se venge en prenant un très jeune amant, le fils de sa meilleure amie. Enfin, en 2019, Eli et Taylor forment un couple en apparence soudé. Elle est une brillante avocate et lui un scénariste à succès en manque d'inspiration. Ils pratiquent le mariage libre mais un jour, Taylor brise les règles du couple et ramène sa maîtresse au domicile conjugal, ouvrant la porte au vice et à la ruine...
Trois intrigues qui vont s'entremêler et se concentrer sur l'emprise, la trahison et la vengeance. Mentions spéciales à Jennifer Goodwin (Beth Ann) qui campe une Bree Van de Kamp bis absolument spectaculaire (très éloignée de son rôle agaçant de Blanche-Neige dans Once Upon a Time) et la charismatique Lucy Liu dans un rôle sur mesure !
Dans la seconde saison, on change de forme et on se concentre sur une année, 1949, toujours à Los Angeles. Alma Fillcot est une mère au foyer fade et sans histoire, invisible. Epouse d'un vétérinaire, elle n'a qu'une passion dans la vie : son jardin. Mais personne ne la remarque jamais... Alors qu'une place se libère dans un club de jardinage chic, elle décide de postuler mais se fait refouler par Rita Castillo, une odieuse croqueuse de diamants qui l'humilie. En parallèle, cette dernière doit gérer un mari impotent et a une liaison avec un gigolo aspirant acteur qui se fait entretenir mais qui est amoureux de la fille d'Alma, Dee. Tout part en couille lorsque Alma fait une étrange découverte dans le grenier, laissant supposer que son mari est un tueur en série d'un genre particulier... Alma va avoir une révélation et le mantra "la fin justifie les moyens" va alors prendre tout son sens !
L'intrigue s'articule autour de trois femmes auxquelles on va s'attacher : Alma et sa fille, Dee, et Rita. Concernant les deux ennemies flamboyantes de cette saison, Alma et Rita, on va être tantôt subjugué, tantôt révulsé. Les scénaristes parviennent, à travers ces personnages finement écrits, à faire nous osciller entre empathie et dégoût total ! La beauté, la soif de reconnaissance, le rêve d'une vie sociale sont au centre de la narration, bien que des thématiques fortes soient abordées (les femmes "rondes", le statut de la femme de la fin des 1940's, le paraître...). On monte clairement d'un cran dans la noirceur et l'horreur. Bien que le ton adopté soit comique, il n'en demeure pas moins très grinçant et parfois glauque ! Mentions spéciales à la sublime Lana Parrilla (l'inoubliable Evil Queen de Once Upon a time), vénéneuse, plantureuse, diabolique mais qui va finalement nous surprendre et nous émouvoir et Allison Tomman qui campe une Alma bluffante, chenille devenue papillon, voire mante religieuse ! Une transformation à la fois glaçante et renversante !
En définitive, j'ai vraiment eu un gros coup de coeur pour cette série anthologique et ses deux premières saisons de qualité ! Beaucoup de potentiel pour de futures intrigues (concernant le showrunner, je ne me fais pas de soucis). Naviguant entre le thriller, la satire sociale et la comédie noire déjantée, Why Women Kill revêt parfois des airs de soap mais c'est pour mieux nous surprendre et nous ferrer.