Si on me demandait pourquoi regarder Why Women Kill, je dirais tout de suite : pour la première saison. Car oui, soyons clairs, les deux saisons de cette série anthologique sont si différentes qu’on a presque l’impression de voir deux séries totalement indépendantes. Et pas forcément dans le bon sens du terme.
La première saison part d’un concept à la fois simple et malin : explorer les raisons qui poussent les femmes à tuer, en suivant trois époques différentes – les années 60, 80 et 2010 – dans une même maison. L’unité de lieu n’est pas anodine : cette maison est un symbole de réussite sociale à l’américaine, mais aussi des apparences qu’il faut maintenir. En 1960, Beth Ann est l’épouse au foyer parfaite, en 1980, Simone est une mondaine autant admirée que détestée, confrontées chacune à la tromperie du mari et à ses secrets. En 2010, Taylor est une avocate à succès qui vit un mariage ouvert jusqu’à ce que son amante emménage chez elle.
Chaque histoire explore des dynamiques de pouvoir et de désir différentes : la quête de reconnaissance, les sacrifices pour maintenir une façade, et surtout, la tension entre ce qu’on donne dans une relation et ce qu’on en attend en retour. Ces thèmes sont universels, mais ils prennent une saveur particulière grâce aux époques choisies et aux subtilités des contextes sociaux. Chaque histoire possède également sa particularité, et on n’assiste pas à 3 fois la même chose. J’ai été surprise positivement par certaines évolutions des intrigues, ou victime et bourreau ne sont pas toujours ceux qu’on pense.
La force de la première saison réside aussi dans son montage. Alterner les trois récits donne du dynamisme et crée des échos entre les différentes histoires. Cela permet de souligner les similitudes dans les luttes de ces femmes, tout en gardant chaque intrigue distincte et captivante. Certes, certaines transitions et artifices, comme les intros en voix off ou la réunion finale des trois histoires, sont un peu alambiqués. Mais globalement, cela fonctionne grâce à la qualité des retournements de situation et au travail soigné sur les décors, qui ancrent chaque époque de façon crédible et immersive.
Et là, patatras, la saison 2 change complètement de formule. Fini l’alternance entre trois époques, une seule intrigue, située en 1949, autour d’un groupe de personnages reliés par des secrets et des ambitions croisées. On suit Alma, une femme au foyer frustrée qui rêve d’appartenir à la haute société, Rita, une croqueuse de diamants, et leurs entourages respectifs. Malheureusement, ce changement de structure enlève une grande partie du charme de la série. Sans le montage éclaté et les échos temporels, l’intrigue s’étire trop, avec des tensions bien moindres. La première saison jouait sur l’attente et le suspense – on se demandait constamment quand et comment les meurtres allaient arriver. Ici, l’unité de temps et d’histoire rend le tout plus prévisible et moins engageant.
Même la reconstitution des années 40, bien que réussie par moments, manque de cette touche de folie et d’excès qui faisait le sel des années 80 dans la première saison. Le résultat ? Une intrigue qui ressemble davantage à une série policière classique qui verse dans le style absurde des frères Coen qu’à un prolongement du concept original. Malgré une bonne interprétation du casting, la déroulé de l’histoire est ici plus convenu et je me suis personnellement bien moins attaché au sort des différents protagonistes, plus unidimensionnels.
Il faut donc retenir de Why Women Kill sa première saison, inventive et rythmée. Mais la deuxième saison, du moins pour ce que j’en ai vu, semble s’éloigner de ce qui faisait sa force : ce mélange audacieux d’humour noir, de suspense et de critique sociale. Le concept avait du potentiel, mais cette deuxième fournée montre qu’il peut facilement se diluer.