In situ, pas dans le salon

Voilà des années que je n’écoutais plus de musique de film, convaincu d’avoir passé l’âge. Si on m’avait dit qu’un jour j’achèterais un CD de Hans Zimmer, fût-ce d’occasion, j’aurais éclaté de rire : en général, je déteste sa musique.
Mais pour une fois, au cinéma, j’avais été des plus agréablement surpris : non seulement Zimmer ne massacrait pas le film, mais ses compositions le magnifiaient ! Est-ce finalement grâce au processus de composition particulier ? Zimmer a écrit la musique sans voir Interstellar ni même savoir de quoi exactement il s’agirait ! Nolan ne lui aurait donné que quelques indications, des types de situation et d’émotion à illustrer. Était-ce en définitive ce qu’il fallait pour empêcher Zimmer d’accoucher de ces musiques aussi fades que lourdingues et insupportables dont il a le secret ?
Cela dit, seule, la musique ne fonctionne pas. Trop limitée, presque simpliste, pas assez construite, trop dépendante du film, en définitive. C’est toute la différence entre Hans Zimmer et des compositeurs comme John Williams et Georges Delerue, ou même Jerry Goldsmith, entre autres. Pour prendre un exemple, j’avais trouvé Stay bouleversant dans le film ; écouté à froid, chez soi, la composition paraît banale, voire légèrement poussive.

C’est donc l’album que j’ai noté, et non la musique en soi, qui remplit admirablement son rôle au service d’Interstellar. J’ai de même adoré la musique de Zimmer pour Blade Runner 2049, mais je crois que je serais tout autant déçu si l’idée me venait de l’écouter indépendamment du film.